Avec un tel ouvrage, sans précédent, on ne pourra plus dire que la Haute-Bretagne est « le parent pauvre » de la région. Un constat amer que partageaient les vingt-neuf auteurs de l’encyclopédie, codirigée par l’historien et académicien, Pascal Ory et par Léandre Mandard.
« Il y a une représentation stéréotypée avec la celtophilie et l’imaginaire touristique plus tourné vers les paysages occidentaux. Les mouvements régionalistes ont adapté une unité du territoire autour de la langue bretonne. Résultat : le pays gallo a été invisibilisé dans les mémoires. » Léandre Mandard, qui prépare son doctorat sur le remembrement en Bretagne, a été baigné dans la culture gallèse.
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Toujours dans l’ordre des représentations, si la Basse-Bretagne semble plus pittoresque aux regards extérieurs, la Haute-Bretagne est celle qui « domine économiquement avec la capitale et ses centres urbains ».
Une méconnaissance « du patrimoine linguistique »
Les frontières du pays gallo ont fluctué à travers l’Histoire. « Leur question est importante. Certains ont voulu les abolir, portés par une vision uniformisante. Mais quand on regarde les dernières enquêtes sociolinguistiques de 2024, on voit qu’elles restent structurantes. Elles ne sont pas rigides ou normatives, elles sont la matrice des cultures populaires bretonnes. »
La langue est ici essentielle. Elle a bercé l’enfance de Léandre Mandard. « Je l’ai étudiée, j’ai pris l’option gallo au bac à Montfort-sur-Meu. J’ai grandi dedans et pourtant, je reste surpris de la méconnaissance et du manque de considération pour ce patrimoine linguistique », institué comme langue de Bretagne en 2004. « Elle était la langue du quotidien pour la moitié de la région, ce n’est pas rien. Elle explique le nom des lieux. Elle traduit une certaine évolution des campagnes à travers un dénigrement de l’identité paysanne. »
« Un contenu approfondi »
Aujourd’hui, les regards changeant, la langue retrouve une actualité, aidée aussi par le travail de fond de l’Institut du gallo depuis 2017. « Un premier mouvement militant important, dans les années 1970 (N.D.L.R. : naissance de l’association des amis du parler gallo en 1976), a permis d’enclencher un changement. L’option au bac en est née. »
L’encyclopédie, riche d’une iconographie soignée (sous la direction de Laurence Prod’homme, conservatrice du patrimoine au Musée de Bretagne), est réussie. « Nous avons eu le désir de nous adresser à un public large tout en offrant un contenu approfondi, pouvant servir à de futures recherches. »
Samedi 29 novembre, à 15 h, présentation publique de « Haute-Bretagne, l’encyclopédie » (éditions Presses universitaires de Rennes, 592 pages, 34 €), aux Champs libres à Rennes. Table ronde en présence de Pascal Ory, Léandre Mandard, Laurence Le Du et Laurence Prod’homme. Rencontre avec les auteurs suivie d’une signature.