Après une version grotesque avec Arnold Schwarzenegger sortie en 1987, la dystopie « Running Man » imaginée par Stephen King en 1982 accouche d’un film plus fidèle au roman. Dommage que cette adaptation signée Edgar Wright sortie le 19 novembre soit aussi bridée politiquement.
De « Running Man », roman de Stephen King publié en 1982 sous le pseudonyme de Richard Bachman, on se souvient d’une adaptation avec Arnold Schwarzenegger sortie en 1987, kitscherie invraisemblable où les gladiateurs télévisés paraissaient issus d’un spectacle de cosplay.
Près de quarante ans plus tard, cette nouvelle adaptation, imprégnée d’une esthétique très années 1980, s’avère nettement plus convaincante. Biberonné à la culture pop, auteur des cultissimes « Shaun of the Dead » (2004) et « Scott Pilgrim » (2010), le cinéaste anglais Edgar Wright livre une œuvre plus ambitieuse, à défaut d’embrasser toute la charge subversive de son récit.
Contenu externe
Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible de collecter des données personnelles. Pour voir ce contenu vous devez autoriser la catégorie Réseaux sociaux.
Accepter Plus d’info
Survivre trente jours
On retrouve Ben Richards (Glen Powell), ouvrier teigneux qui ne parvient plus à retrouver de boulot après avoir été viré pour insubordination. Dans une Amérique divisée entre les nantis et le prolétariat, le héros en colère accepte de participer au jeu télévisé le plus populaire, « Running Man », dans l’espoir de remporter un milliard de dollars et de pouvoir ainsi payer les soins médicaux pour sa fille malade.
Produite par le machiavélique Dan Killian (Josh Brolin), l’émission envoie Richards, et deux autres candidats, dans la nature. Ils doivent survivre trente jours, traqués par des chasseurs professionnels tandis que la population est encouragée à dénoncer les fugitifs en échange d’une somme d’argent.
Se cacher au lieu de courir
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » La bonne surprise de ce « Running Man » consiste à brider son héros qui, au lieu de courir comme un lièvre effrayé, s’évertue à se cacher, à devenir invisible, à disparaître d’un monde où l’image est la principale arme de contrôle.
Le film s’appuie dès lors davantage sur un jeu de cache-cache où Ben Richards, tortue indocile, doit incorporer les règles vicieuses du programme télévisé et les retourner contre leurs créateurs. Un principe qui suffit à maintenir notre attention pendant une petite heure avant de revenir à la raison du pur blockbuster décérébré.
>> Ecouter la critique du film dans l’émission Vertigo : « Running Man » dʹEdgar Wright, avec Glen Powell, Josh Brolin / Vertigo / 5 min. / mercredi à 17:11 Inoffensif et obsolète
Posant sur notre époque contemporaine un regard satirique aussi inoffensif qu’obsolète, « Running Man » ne semble jamais prendre en compte l’évolution de nos sociétés depuis la parution du roman originel de Stephen King. Alors que les réseaux sociaux et les algorithmes ont largement supplanté les médias classiques, on peut trouver très datée cette dénonciation de la télévision-spectacle, offrant son opium à un peuple obnubilé par la violence.
Et quand Ben Richards s’époumone à encourager le public à ne plus regarder ce genre de programme, Dan Killian lui rétorque que le problème, plus profond, est à trouver du côté de ceux qui financent « Running Man ». Et là, rien. Nada. Edgar Wright se fiche comme de son premier court métrage de creuser cette piste, limitant l’énergie punk de son film à un doigt d’honneur inconséquent. Amusant, mais très timoré.
Note: 3/5
Rafael Wolf/ld
« Running Man » d’Edgar Wright, avec Glen Powell, Josh Brolin, Lee Pace. A voir dans les salles romandes depuis le 19 novembre 2025.