Les mots forts d’Amine Kessaci prononcés la veille lors de la marche blanche organisée en hommage à son jeune frère, Mehdi, assassiné le 13 novembre, ont résonné encore ce dimanche, au Parc Chanot. Le drame était en effet dans toutes les têtes et chaque discours prononcé lors du meeting de Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, à la tribune devant une salle pleine à craquer. Samedi, il s’était lui-même joint aux nombreux élus rassemblés au rond-point Claudie d’Arcy ; ce dimanche, il a « salué » le « courage d’Amine ». « Un jeune des quartiers Nord de Marseille vaut la même chose qu’un jeune d’une autre ville, nous devons être les garants que tous aient les mêmes droits, quelle que soit leur origine, leur culture, leur couleur, leur religion », a-t-il martelé. 

« Quand on veut la paix, on prépare la paix »

Mais si la « France est sidérée, sous le choc », a attaqué d’emblée celui qui est aussi le maire de Saint-Amand les Eaux (Nord), c’est autant en raison de ce drame que des mots « glaçants » du chef d’état-major des armées, Fabien Mandon. Ce dernier a créé la polémique en déclarant au congrès des maires de France qu’il fallait être « prêt à accepter de perdre nos enfants », alors que la Russie se prépare, selon lui, « à une confrontation avec nos pays d’ici 2030 ». Comment accepter, a déroulé Fabien Roussel, « un président qui veut nous préparer à la guerre et en même temps qu’on nous laisse seuls, ici, face aux bandits et aux truands ? », a-t-il poursuivi. « Malheur à Paris et Berlin qui nous présentent la guerre comme inévitable […] Quand on veut la paix, on prépare la paix », a exhorté le leader du PCF. « Nous ne voulons pas de Troisième Guerre mondiale alimentée par le nationalisme, les impérialismes et des chefs d’État en mal de notoriété. »

Renforcer les services publics

Si Fabien Roussel a rappelé les positions pacifistes de son parti – les dockers de Fos ont ainsi dernièrement bloqué le départ d’armes vers Israël, comme ils le faisaient déjà contre la guerre du Vietnam — il a aussi remis ses priorités économiques au centre : « Nous avons besoin d’une armée, mais nous refusons une économie de guerre » dont les moyens seraient pris « aux travailleurs, à la jeunesse, au climat », a-t-il insisté. Un peu plus tôt, c’est aussi Jérémy Bacchi, sénateur PCF des Bouches-du-Rhône, qui, dans le même esprit, avait pointé « la jambe manquante » selon lui de la loi contre le narcotrafic : le renforcement des services publics, de l’accompagnement de la jeunesse, des carences déjà dénoncées par Amine Kessaci samedi.

« La demande de justice sociale est très forte dans la population », a confirmé Virginie Akliouat (FSU-Snuipp), quand Pascal Galéoté, secrétaire général de la CGT Port, en appelait pour sa part au soutien des activités portuaires et industrielles. « Nous voulons un avenir désirable pour notre jeunesse et c’est le parti pris du travail que nous faisons pour elle », a approuvé Fabien Roussel.

Face aux budgets d’austérité, il a préconisé, « au contraire d’investir », massivement, pour réduire la fracture sociale, faire face aux enjeux multiples du réchauffement climatique comme à ceux de la criminalité organisée : le secrétaire national du Parti communiste réclame ainsi des moyens pour les hôpitaux, les écoles, l’industrie et « 2,5 milliards d’euros par an pour embaucher 60 000 gardiens de la paix, douaniers, magistrats ». Car l’argent « existe, il est dans la poche des 500 plus riches. À leur tour de payer », a taclé Fabien Roussel. Avant de se séparer sur une Marseillaise reprise par l’assemblée, il a appelé à participer à la journée de mobilisation syndicale du 2 décembre pour « un budget de progrès social« .