L’Europe n’a pas dit son dernier mot. Les pays du Vieux Continent ont soumis une version amendée du plan de paix pour l’Ukraine présenté en 28 points par les États-Unis le 20 novembre dernier. La proposition européenne vise à accroître le quota des effectifs de l’armée ukrainienne et à modifier les concessions territoriales auxquelles Kiev devra adhérer, selon un document consulté par Reuters ce dimanche 23 novembre.
L’Union européenne tente de continuer à jouer un rôle « central », comme l’a fait comprendre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Une mise à l’écart de l’UE n’est ainsi pas envisageable, a martelé le président de la République, Emmanuel Macron, qui souhaite une consultation plus large des 27. Cette position est partagée par son prédécesseur François Hollande dans un entretien publié aujourd’hui dans Le Monde. L’ancien chef de l’État estime que le plan américain pour l’Ukraine reléguerait l’Europe « au rang de spectatrice assiégée ».
À LIRE AUSSI Fragilisé par le « Mindichgate », Zelensky aborde affaibli l’affrontement avec TrumpLe document, préparé dans le cadre des négociations en cours à Genève (Suisse), propose que les forces armées ukrainiennes soient limitées à 800 000 hommes « en temps de paix » au lieu du plafond de 600 000 hommes proposé dans le plan américain. Il précise également que « les négociations sur les échanges territoriaux commenceront à partir de la ligne de contact » au lieu de fixer à l’avance que certaines zones devront être reconnues comme « de facto russes », tel que le suggère le plan américain.
« Ce plan n’a pas été négocié avec les Européens »
La contre-proposition a été rédigée par le groupe dit E3, comprenant la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, selon une source ayant eu accès au document. Ce dernier s’appuie sur la proposition américaine, mais reprend chaque point en suggérant des suppressions ou des modifications. Il suggère notamment que l’Ukraine reçoive des États-Unis une garantie de sécurité similaire à l’article 5 de l’Otan et s’oppose à la proposition américaine d’utiliser les avoirs russes gelés en Occident, principalement dans l’Union européenne. Un point sur lequel le président français a insisté : « Ce plan, d’abord, n’a pas été négocié avec les Européens. Or, il stipule pour les Européens beaucoup de choses : les actifs gelés sont détenus par les Européens, l’intégration européenne de l’Ukraine, c’est dans la main des Européens. »
« L’Ukraine sera entièrement reconstruite et indemnisée financièrement, notamment par le biais d’avoirs souverains russes qui resteront gelés jusqu’à ce que la Russie ait indemnisé l’Ukraine pour les dommages subis », peut-on lire dans le document. Le plan américain propose d’investir 100 milliards de dollars de fonds russes gelés dans un « effort mené par les États-Unis pour reconstruire et investir en Ukraine » et que les États-Unis reçoivent 50 % des bénéfices de cette entreprise. Washington a également proposé que le solde soit investi dans un « véhicule d’investissement américano-russe distinct ».
Zelensky pourrait se rendre à Washington
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio s’est quant à lui montré plus que satisfait des progrès réalisés à l’occasion des discussions avec une délégation ukrainienne à Genève, le 23 novembre. « La meilleure réunion et la meilleure journée que nous ayons eues jusqu’à présent dans tout ce processus, depuis notre entrée en fonction en janvier », a-t-il ainsi commenté.
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Accusé de faire preuve d’ingratitude par Donald Trump, Volodymyr Zelensky a, lui, tenté d’arrondir les angles, déclarant : « L’Ukraine est reconnaissante envers les Etats-Unis, envers chaque Américain et en particulier envers le président Trump pour l’aide qui, à commencer par les missiles Javelin, sauve des vies ukrainiennes. »
Des responsables américains et ukrainiens discutent d’une éventuelle visite du président ukrainien à Washington dès cette semaine pour aborder un plan de paix avec Donald Trump, ont déclaré dimanche deux sources proches du dossier. L’idée principale serait que Trump et Zelensky discutent directement des questions les plus sensibles soulevées par les États-Unis dans la proposition, notamment la question territoriale.
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