Par

Antoine Grotteria

Publié le

23 nov. 2025 à 7h40

Des souvenirs rangés dans des placards poussiéreux. Aux jeunes amateurs de sports nés dans les années 1980 et 1990, l’achat de packs de cartes de football et de basketball faisait presque partie des rituels hebdomadaires. La journée d’école terminée, les bandes de marmots se pressaient au buraliste du coin pour faire l’acquisition d’une poignée de joueurs à intégrer dans le grand cahier. Les pièces manquantes faisaient l’objet d’intenses tractations au sein de la cour de récréation, à l’image des cartes Pokémon. Pour les organisations sportives professionnelles, ce type de produits permettait de dégager de l’argent aisément tout en permettant aux jeunes de s’attacher à leur équipe préférée. Des années plus tard, la pratique revient en force. « J’ai beaucoup aimé la NBA des années 1970, 1980 et 1990. Pour moi, il y a un côté sentimental », contextualise Alexandre Martin à actu Paris. Co-fondateur du média de basket Trashtalk, ce quadragénaire incarne la nostalgie de nombreux fans.

Le tournant des réseaux sociaux

La ligue nord-américaine disposait déjà de moyens considérables pour toucher les gamins du monde entier. Parmi eux, l’arme des cartes. Mais le rapport restait vertical. « Il n’existait pas de support pour partager sa passion », rappelle le directeur du développement de Trashtalk, qui habite à Paris. Aujourd’hui, la donne a bien changé. Les canaux de diffusion se sont multipliés, alimentant les interactions entre amateurs.

Dans ce contexte numérique en plein essor, Alexandre Martin a décidé de lancer sa propre émission sur YouTube au printemps 2025. Il a même convié le créateur de contenu et influenceur Domingo, également détenteur de collections de cartes NBA et initiateur de la marketplace Clutch Collect. Les voici lors d’un direct organisé.

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« Le but, c’est d’inviter des connaisseurs de cartes, de parler de leur passion, de découvrir leurs cartes, et d’être le plus pédagogue possible. La carte, ça parle à tout le monde »

Alexandre Martin
Co-fondateur de Trashtalk et animateur d’une émission sur les cartes

Pour lui, l’intérêt porté aux cartes de sport s’est nourri avec l’organisation de brocantes de sport à la sortie de la crise sanitaire.

Car le Covid-19 a agi comme un catalyseur pour les amoureux du petit plastique. Guillaume fait partie de ces convertis. « J’étais trop petit pour le basket. Moi, j’étais plus un amoureux du jeu vidéo 2K. Après 2020, je me suis mis à fond dans le délire des cartes », retrace-t-il pour actu Paris. Si engagé qu’il a rencontré sa copine, également collectionneuse, dans le cadre de l’association CardsAddict.

Des cartes de la collection de Guillaume, avec quelques joueurs des Celtics de Boston, la franchise NBA la plus titrée.
Des cartes de la collection de Guillaume, avec quelques joueurs des Celtics de Boston, la franchise NBA la plus titrée. (©Photo remise à actu Paris)

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Des prix variables

Créée en 2024, cette organisation de 450 adhérents venant de toute la France fait figure d’autorité dans le milieu. Chaque lundi soir, les membres se retrouvent lors d’une émission intitulée le Café des cartes et partagée sur YouTube et Twitch. Le principe est simple : dévoiler des paquets de carte, échanger des conseils et s’amuser.

Le prix des cartes varie en fonction de plusieurs critères, au premier rang desquels figure le nom du joueur. « Un Victor Wembanyama, actuellement, va valoir très cher. Michael Jordan, dans le temps, se trouve aussi à un prix très élevé, parfois à plusieurs millions d’euros », explique Alexandre Martin. « Moi, je suis fan des Phoenix Suns. J’ai des cartes de joueurs anciens que j’aime bien, comme Dan Majerlee, mais qui ne coûtent pas grand-chose », précise le co-fondateur de Trashtalk, qui assure posséder « des milliers de cartes chez lui ».

Alexandre Martin, co-fondateur du média Trashtalk et collectionneur de cartes de NBA. Il anime une émission sur Youtube. Ici, une carte avec la légende Michael Jordan.
Alexandre Martin, co-fondateur du média Trashtalk et collectionneur de cartes de NBA. Il anime une émission sur Youtube. Ici, une carte avec la légende Michael Jordan. (©Photo transmise à actu Paris)

Autres éléments à prendre en compte, l’enrobage de la carte. « Un bout de maillot, une carte signée par un joueur… » s’avèrent des ornements juteux, aux dires de Guillaume. Le produit se trouve ainsi sur les plateformes de revente, en achats groupés, ou durant les événements consacrés à l’échange de cartes, comme le Paris Card Show qui se déroulera en mai 2026.

Une tendance qui devrait continuer

Les interactions physiques restent donc limités entre vendeurs et collectionneurs. Mais l’association CardsAddict tente de rapprocher les gens.

« Il y a une semaine, on est allé dans un pub à Paris avec une quinzaine d’adhérents qui habite en Île-de-France. On a bouffé de la poutine tout en ouvrant les paquets et à se raconter notre passion. C’était très sympa. Cela permet de mettre des visages derrière les écrans »

Guillaume
Membre de l’association CardsAddict

Si le groupe se compose de représentants de la génération Z, la majorité des adhérents « dépasse les 40 ans », selon lui. Une surreprésentation qui met en lumière la dimension affective liée aux cartes. La tendance devrait se poursuivre dans les prochaines années, avec notamment la potentielle création d’une franchise NBA à Paris.

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