Malgré la pluie et le froid le rassemblement s’est tenue vers 13 h sur la place de la mairie. Les personnes présentes répondaient ainsi à un appel de la famille du jeune homme tué par balle dans les quartiers nord de Marseille et relayé localement par des associations comme Le Front de Mères, l’Avenir, la Ligue des droits de l’homme et de nombreux partis politiques. Un rassemblement sans banderole, ni drapeau « pour demander la vérité, la justice et mettre fin à l’impunité ». La victime était en effet le frère cadet d’Amine Kessaci, militant écologiste marseillais, fondateur de l’association Conscience et engagé contre le narcotrafic. Un acte qualifié de « crime d’intimidation » par le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez.
« Témoignage bouleversant »
Devant les personnes réunies, un texte paru dans Le Monde a été lu où Amine Kessaci prend la parole expliquant notamment : « Non, je ne me tairai pas. Je dirai et répéterai que Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic. Son emprise. Je dirai la lâcheté des commanditaires des crimes. Je dirai la dérive folle de ceux qui exécutent des contrats, brisent des vies et souillent leur âme à jamais. Je dirai pour trouer le silence comme eux trouent les corps de nos proches. Je dirai les carences de l’État, les failles de la République, les territoires abandonnés et les populations oblitérées ». Des mots qui ont été longuement applaudis par la foule des anonymes comme Emmanuel : « Son témoignage m’a bouleversé. C’est important de faire front, participer à cette conscience citoyenne. On est confronté à des actions qui s’apparentent à celles de la mafia. Il faut afficher notre soutien à quelqu’un qui a déjà perdu deux frères dans des conditions abominables ». Même avis pour Pierrick : « Il faut soutenir son combat contre le narcotrafic qui se développe partout aujourd’hui. Je regrette qu’il n’y ait pas plus de monde. Il faudrait qu’il y ait une plus large mobilisation face à ce phénomène »
« On vit les mêmes choses »
Pour beaucoup être présent était un geste qu’il fallait faire comme Mathilde venue avec son mari : « C’est important de monter que l’on est présent même si on reste, nous impuissant face à cela. Ce sont les quartiers qui payent cher. La sécurité elle est d’abord sociale. Il faut rappeler les principes « Liberté, Égalité, Fraternité » ». « Je souhaitais être présent comme citoyen et exprimer ma solidarité. Un simple geste de quelqu’un qui comme beaucoup a du mal à comprendre ce monde. Dans nos quartiers également comme à Rennes on est concerné par le trafic de drogue » note Jean-Michel. Un constat que fait également Marie Thérèse : « On vit les mêmes choses. On habite dans le quartier du Blosne à Rennes. On est confronté au trafic tous les jours. On commence à avoir peur. On évite de passer dans certains endroits. Ils sont présents partout et prennent de plus en plus de place ». Engagé dans le milieu associatif Christian habite le quartier de la Poterie : « On essaie de discuter avec des dealers dans la rue car ce ne sont que les petites mains. Mais le quartier souffre. On a l’impression que la vie d’un homme n’a plus de poids. C’est inquiétant pour l’avenir de nos enfants ».
Les participants au rassemblement se sont dispersés après avoir observé une minute de silence en mémoire du jeune Mehdi Kessaci qui était âgé de 20 ans.