Dans l’œil de LibéEn 2016, l’artiste entame son cycle «les Iles du désir» avec un premier volet sur Tristan Da Cunha, l’île habitée la plus isolée de la planète. Un dernier est exposé jusqu’au 23 novembre à Paris, pour la Biennale de l’image tangible.

publié le 22 novembre 2025 à 12h29

« Jersey II » (2024)

Richard Pak

«Etretat» (2024). Pour cette œuvre poétique, l’artiste a travaillé avec une paire de ciseaux. Cela correspond à son envie de rajouter du volume à ses photos. Pour lui, «les bouleversements climatiques récents et le risque avéré de la montée des eaux font de certaines îles des espèces en voie d’extinction. En les soustrayant au paysage, je rends manifeste cette disparition. Plutôt que de les remplacer numériquement par une mer synthétique, je préfère la violence du geste qui tranche le support photographique».

Richard Pak

«Guernsey II» (2024). Le travail de Pak a trouvé sa genèse dans les lectures de l’artiste. Il s’est attaché d’abord à l’étymologie du mot «isoler» qui renvoie à «séparer comme une île (isola)».

Richard Pak

«Jersey I» (2024). L’artiste a ensuite découvert le géographe Guy Mercier qui propose cette définition de l’île : «La seule manière serait d’en faire un concept limite. Réduire l’île à son degré zéro en la considérant comme un isolat total, une unité géographique complètement coupé du monde qui l’entoure.»

Richard Pak

«Portelet» (2024). Finalement, c’est l’historien Daniel Arasse qui lui donne le dispositif de sa série. Dans son ouvrage «le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture», Arasse cite la fascination qu’exerçait sur un artiste flamand du XVIIe siècle une île, simple détail dans «la chute d’Icare» d’Hans Bol, avant de développer l’idée que «de la fascination, le spectateur peut passer au désir, finalement, de découper l’œuvre».

Richard Pak

«Guernsey I» (2024). La série «le voleur d’îles» revisite cette pratique de la découpe jouissive.

Richard Pak

«La Hague II» (2024). Richard Pak photographie les îles depuis la mer ou depuis le continent. Elles peuvent être le motif principal ou un simple élément du paysage. En les extrayant de leur contexte, l’artiste obtient deux images. Comme il le dit : «Une mer amputée de son Atlantide est une île orpheline de sa mer».

Richard Pak

«Grande marée» (2024). L’islomane, terme créé par l’écrivain Lawrence Durell, qualifie celui pour qui «les îles sont en quelques sorte irrésistibles». Richard Pak, le voleur d’îles, en souffre (en souffre-t-il vraiment ?) certainement.

Richard Pak

Les îles volées correspondent aux photos précédentes de la première jusqu’à la huitième, à regarder de gauche à droite et de haut en bas : «Jersey II», «Etretat», «Guernsey II», «Jersey I», «Portelet», «Guernsey I», «La Hague II», «Grande marée».

Richard Pak