Par
Brian Le Goff
Publié le
24 nov. 2025 à 6h02
Il fait partie du paysage rennais, ou plutôt de son décor figé : sous la dalle du Bourg-l’Évêque, au pied de la tour des Horizons et le long de la rue de Brest, le « parking du centre commercial de Bourg-l’Évêque » n’accueille plus aucune voiture depuis des années.
Alors que le parking Vilaine, à quelques centaines de mètres, est en train d’être démoli, certains s’interrogent : pourquoi un parking rénové en partie reste-t-il inutilisé au cœur du centre-ville ? Actu Rennes a tenté de comprendre.
Une fermeture ancienne… et longtemps incomprise
Selon les informations croisées, le parking a fermé fin 2017. En juin 2019, un incendie s’était déclaré.
Pendant longtemps, la rédaction n’a pas réussi à obtenir de réponses claires de la Ville, de Citédia, des syndics de copropriété ou des responsables du Carrefour Market installé sur la dalle.
Depuis près d’un an, un syndic unique, Côme Immobilier, est chargé de l’ensemble du parking. « La gestion était opaque », souligne Ahmed Haddou, directeur associé de Côme Immobilier.
Le parking est en réalité partagé entre la grande surface et la CCI, ainsi que les copropriétés Les Rives de l’Ille (au-dessus de Carrefour Market) et Caravelle (entre le Carrefour et les Horizons).
Nous clarifions actuellement la situation juridique pour en assurer l’utilisation. Une particularité juridique non réglée explique la situation actuelle.
Ahmed Haddou
Directeur associé de Côme Immobilier
Des travaux réalisés, mais un parking toujours fermé
Pour autant, des choses se sont passées ces dernières années. Des travaux ont été réalisés, notamment de remise aux normes, « indispensables », et d’étanchéité ces dernières semaines encore. « Une société d’imperméabilisation des toitures est intervenue tout récemment sur la dalle », expliquent des habitants sollicités par la rédaction.
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Des travaux que nous avons constatés et qui sont bien visibles sur la dalle sur laquelle une partie des espaces herbacés ont été modifiés.
Le sous-sol a également été rénové et les accès – escalier et cage d’ascenseur – sont prêts depuis plusieurs mois, voire années.
Des personnes sans domicile fixe occupent néanmoins les entrées du parking, sous la rue de Brest, selon des habitants. Un canapé et quelques affaires y étaient encore présents lors de notre passage.
Une réouverture en 2026 ?
Avant l’été, Ahmed Haddou espérait un règlement de la situation juridique « d’ici à un an ». Il confirme être sollicité à propos de ce parking, sans en dire davantage. Citédia indique que la question d’une exploitation avait été envisagée il y a quelques années, « mais il n’y a pas eu de nouvelles depuis ».
Alors, quid de son avenir ? Il est encore trop tôt pour le définir.
« Il n’y a pas de discussion aujourd’hui quant à son avenir. On n’a pas encore imaginé le sens que prendra son exploitation », précise Ahmed Haddou.
La Ville, elle, rappelle que le parking souterrain est un espace strictement privé. « Son état et les raisons de son inutilisation relèvent donc des propriétaires privés du site. » Au sujet des places de stationnement supplémentaires que ce parking pourrait offrir, la municipalité réaffirme être « très attentive aux enjeux de stationnement ».
L’étude récemment menée par les services de Rennes Métropole sur la fréquentation des parkings publics en centre-ville montre que les capacités disponibles dans les seuls parkings des Lices, Kléber et Chézy-Dinan sont suffisantes pour accueillir la totalité des usagers de l’ancien parking Vilaine. Sans compter le nouveau parking de l’Hôtel Dieu, qui offre 305 places (le parking Vilaine disposait quant à lui de 249 places).
Ville de Rennes
Des commerçants qui espèrent une relance
Sur la dalle, l’attente est palpable. Déjà en 2018, le propriétaire d’un bar-brasserie (depuis fermé) alertait la fermeture du parking et ses conséquences sur la vie commerciale.
Aujourd’hui, nombre de professionnels pensent que les places de stationnement changeraient la donne : « Ça participerait à faire revivre la dalle… Elle est morte aujourd’hui. On ne comprend pas ce qu’il se passe avec le parking. »
Récemment, le salon de coiffure Chez Vincent a fermé. Nous avons tenté de contacter le gérant, sans succès, pour confirmer ou infirmer un éventuel lien avec cette situation.
Thomas Poirier, pharmacien installé ici depuis 18 ans, se souvient :
Avant, les gens arrivaient plus à se garer que maintenant. Des commerces ont connu une perte de chiffre d’affaires avec la fermeture du parking.
Thomas Poirier
Pharmacien sur la dalle du Bourg-L’Évêque
Il décrit un parking autrefois géré par un employé : après son décès, il n’a pas été remplacé. Les squats, les voitures ventouses, puis les problèmes de normes, ont mené à la fermeture.
Maintenir la dalle sous contrôle face aux trafics
Des habitants et des agents présents quotidiennement sur la dalle racontent que des tentatives d’installation de points de deal ont eu lieu à plusieurs reprises. « On a toujours réussi à tenir ces activités à distance. Mais la présence humaine est indispensable pour continuer à maintenir ce cadre », soulignent-ils.
Un projet de « permanence » ?
En 2020, un citoyen proposait sur le site de la Fabrique Citoyenne de créer une « permanence » à l’image de la permanence de l’Hôtel Pasteur dans un local disponible afin de « faire émerger un projet par la participation et l’appropriation par l’usage ».
La Ville avait répondu que la dalle est privée, mais, « qu’au regard des différentes demandes d’embellissement de cet espace », elle souhaitait discuter avec les copropriétés pour étudier un projet.
Relancée à ce sujet par nos soins il y a quelques jours, la Ville n’a, à l’heure où nous écrivons ces lignes, pas répondu sur le sujet.
Une démolition inenvisageable
En tout état de cause, ce parking, lui, ne peut pas être détruit, compte tenu de sa configuration et sa proximité avec les autres immeubles dans ce quartier extrêmement dense.
Sollicités ces derniers jours pour faire un point sur le sujet, ni le directeur associé de Côme Immobilier, ni le propriétaire des murs du Carrefour Market, n’ont pu répondre à nos demandes.
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