L’essor de ce secteur d’activité a été perceptible, selon elle, dans la foulée du Covid. Le recours massif au télétravail et la recherche d’un cadre de vie régénérant ont entraîné des mouvements de population. « Souvent vers l’ouest, généralise-t-elle. Toute la façade atlantique en a profité. » Mais cette dynamique a été de courte durée. « Au milieu de l’année 2022, on a commencé à sentir que ça se tassait un peu. Depuis deux ans, avec la crise de l’immobilier, les jeunes structures ont plus de mal à survivre que les grandes maisons de déménagement qui existent depuis des générations. Certaines vivotent. On sort à peine de cette période. Quelques indicateurs économiques nous laissent penser que 2026 sera de meilleur augure. »
L’autre évolution accentuée par la pandémie de Covid-19 est technologique. Pour évaluer le volume de biens à transporter, étudier l’accès au logement et établir ainsi un devis précis, les spécialistes du déménagement proposent des visites virtuelles des habitations en visioconférence. « Auparavant, on avait tendance à prendre des déménageurs dans son périmètre géographique, compare Karen Brudy. Désormais, si vous habitez Paris et souhaitez déménager à Bordeaux, vous pouvez utiliser un service de déménagement bordelais. Mais la visite technique à domicile reste à privilégier. »
Exosquelettes
Cette profession qui recrute en continu emploie entre 11 000 et 11 500 personnes en France. Il existe un CAP, baptisé « déménageur conducteur sur véhicule utilitaire léger ». D’autres formations délivrent des certificats de qualification professionnelle (CQP), auxquels on peut adjoindre un permis poids lourds. L’un de ces diplômes, élaboré avec les Compagnons du devoir, met l’accent sur l’aspect psychologique. « Le critère principal de recrutement, aujourd’hui, c’est le savoir-être, explique Karen Brudy. Le déménagement est un épisode perturbateur au cours d’une vie. C’est toujours un stress. Faire venir une entreprise de déménagement chez soi, c’est l’accueillir dans son intimité. L’empathie dans la relation avec le client est importante. Il faut être précautionneux. » Avec les gens comme avec les objets. Ce métier requiert méticulosité et habileté technique. « Nos collaborateurs rencontrent toute typologie de mobiliers. Cela part de l’armoire ancienne de nos grands-mères, qu’il va falloir apprendre à démonter parce qu’elle est chevillée, et que ça se voit de moins en moins. »
« Le critère principal de recrutement, aujourd’hui, c’est le savoir-être »
Au Palais 2 l’Atlantique, où étaient réunis quelque 400 participants, des matériels de levage ou de portage mécanisés étaient exposés. Ces équipements, tels que les monte-escaliers électriques, évitent de faire supporter toute la charge aux employés. « Véhiculés sur des camions, nos monte-meubles autoportés peuvent aller du deuxième au dixième étage. Cela permet de ne plus avoir à passer par les communs des immeubles. » Les exosquelettes constituent peut-être une solution d’avenir. La Chambre syndicale du déménagement aimerait que l’industrie planche sur des modèles davantage adaptés aux déménageurs, pour des tâches en mouvement.
TVA minorée ?
Parmi les sujets sensibles, il y a la concurrence des auto-entrepreneurs, « qui n’ont pas les mêmes coûts », des plateformes en ligne et surtout « le fléau » du travail illégal. « Aujourd’hui, le porte-monnaie du particulier est vide, observe Karen Brudy. S’il y a du travail illégal, c’est que des acheteurs ne veulent pas mettre la main à la poche et font travailler des personnes se revendiquant manutentionnaires ou déménageurs, qui vont louer un camion et faire un déménagement sans en avoir la légalité. » Ni les assurances.