La proposition antérieure favorable à Moscou semble abandonnée. Les Etats-Unis et l’Ukraine ont affirmé dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 novembre avoir rédigé «une nouvelle version, affinée, d’un cadre pour un accord de paix» avec la Russie, qui «devra pleinement respecter la souveraineté» de Kyiv, ont souligné les deux pays dans un communiqué commun.

Les discussions de Genève, closes dimanche soir, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points du président américain Donald Trump visant à mettre fin au conflit déclenché le 24 février 2022.

«Les pourparlers ont été constructifs, concentrés sur l’objectif, et respectueux, insistant sur l’engagement commun de parvenir à une paix juste et durable», a écrit la Maison Blanche, qui a salué «un pas en avant significatif» vers un règlement du conflit en Ukraine. Présent en Suisse, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s’était dit auparavant «très optimiste» sur la possibilité de conclure «très vite» un accord, même si de nombreuses inconnues demeurent.

A Genève, le négociateur ukrainien Andriy Yermak, bras droit de Volodymyr Zelensky, avait également fait état «de très bons progrès», après que le président ukrainien eut salué une nouvelle version du plan américain qui reflète «déjà la plupart des priorités clés» de Kyiv.

Donald Trump avait donné jusqu’au 27 novembre à Volodymyr Zelensky pour donner une réponse, en précisant ensuite que son plan en 28 points ne serait pas sa «dernière offre» définitive. La version initiale du document avait suscité l’opposition de Kyiv et de ses alliés européens – Paris, Londres, Berlin et Rome – venus dimanche à Genève en Suisse pour éviter une paix en forme de capitulation.

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou : que l’Ukraine lui cède des territoires, accepte de réduire la taille de son armée et renonce à intégrer l’Otan. Tout en offrant des garanties de sécurité occidentales à Kyiv pour prévenir toute nouvelle attaque russe. Le texte propose aussi la fin de l’isolement de la Russie à l’égard des Occidentaux, avec sa réintégration au G8 et la levée progressive des sanctions.

«Nous avons fait d’énormes progrès», s’est encore félicité Marco Rubio, estimant que «les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables» et laissant la porte ouverte à un délai au-delà de la fête de Thanksgiving jeudi 27 novembre. Le ministre des Affaires étrangères, qui est aussi le puissant conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a toutefois rappelé que les Russes auraient «leur mot à dire».

Les discussions devraient se poursuivre ce lundi 24 novembre, même si Marco Rubio a quitté Genève. Volodymyr Zelensky pourrait se rendre aux Etats-Unis dès cette semaine pour discuter des aspects les plus sensibles du plan avec Donald Trump, selon des sources proches du dossier citées par Reuters.

De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui joue les médiateurs entre Kyiv et Moscou, a annoncé qu’il s’entretiendrait lundi par téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine, ce que le Kremlin a confirmé.

Une réunion de dirigeants de pays de l’UE est également prévue ce lundi, en marge d’un sommet avec leurs homologues africains en Angola, et Emmanuel Macron a annoncé une réunion d’Etats soutenant l’Ukraine mardi en visioconférence.

Sur le terrain, une attaque russe nocturne sur la ville ukrainienne de Kharkiv, la deuxième plus peuplée du pays avant l’invasion lancée par Moscou en février 2022, a fait quatre morts et 17 blessés, a annoncé Igor Terekhov, maire de cette ville proche de la frontière russe, dans la nuit de dimanche à lundi. «Malgré les négociations» de paix concernant l’Ukraine, «les troupes russes ont attaqué […] des immeubles d’habitation», a-t-il cinglé.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un rude hiver en Ukraine. Kyiv vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d’autres installations côté russe.