Une première mondiale qui fait suite à une autre prouesse, réalisée aussi par une équipe du CHU de Bordeaux, en septembre 2024, quand un patient en Chine était opéré d’une tumeur au rein depuis Bordeaux. Ce n’est donc pas la première fois que les chirurgiens bordelais travaillent avec leurs homologues chinois.
Console à distance
En cardiologie, jamais une telle intervention n’avait été réalisée par télépilotage. Elle a été rendue possible par la coopération franco-chinoise entre le CHU de Bordeaux et le Xiamen Cardiovascular Hospital de l’université de Xiamen, située dans le sud-est de la Chine.

Le patient chinois au bloc opératoire de l’hôpital de Xiamen (sud-est de la Chine) a été opéré par l’équipe téléopératrice française, des cardiologues, depuis l’hôpital du Haut-Lévêque à Pessac (CHU de Bordeaux).
CHU Bordeaux
L’équipe médico-chirurgicale des valvulopathies, dirigée par le professeur Thomas Modine, chirurgien cardiaque au CHU, et le docteur Lionel Leroux, cardiologue interventionnel, a ainsi réussi à implanter un dispositif MitraClip pour traiter une fuite mitrale sévère chez ce patient chinois. Cette pathologie peut entraîner un œdème aigu du poumon et un choc cardiogénique, voire une mort subite. La chirurgie a nécessité trois phases, la première menée par l’équipe chinoise, qui a réalisé l’abord fémoral et la ponction transseptale, tandis que les chirurgiens bordelais prenaient le contrôle de l’intervention via une console à distance, conçue pour piloter le robot et positionner précisément le clip dans le corps du patient. La troisième étape a consisté dans le « largage du clip suivi du retrait du système de délivrance ».
Démocratiser l’expertise
L’intervention chirurgicale n’a pas duré plus de dix minutes. En revanche, il a fallu des mois de coopération entre Bordeaux et Xiamen pour la préparer en amont. De fait, le concepteur du robot de cathétérisme télépiloté Robogenix a été associé à une console mise au point par le professeur Wang Yan de l’université de Xiamen, présent à Bordeaux lors de la première. À cette intervention était associée Medinbox, société spécialisée dans la transmission sécurisée de procédures médicales. L’expertise médicale des uns avec l’expertise technologique des autres.
« Les gestes à distance sont exactement les mêmes que ceux que nous réalisons au bloc opératoire en direct, précise le professeur Thomas Modine. Mettre en place un système permettant de contrôler un geste opératoire à 10 000 kilomètres, tout en protégeant le malade de tout risque, est un exploit qui ouvre de nombreuses pistes. »

Durant l’intervention, au CHU de Bordeaux, le professeur Thomas Modine et le docteur Lionel Leroux, ici au côté du professeur Wang Yan, de l’université de Xiamen.
CHU de Bordeaux