Le Goncourt obtenu le 4 novembre par Laurent Mauvignier  a propulsé l’écrivain en tête des ventes. Son roman, La Maison vide (éd. Minuit) a été réimprimé huit fois et il s’en était vendu 160 204 exemplaires à peine une semaine après avoir été primé. Ce cru sera sans doute un beau carton plein… Largement mérité !

Articuler des récits intimes et politiques

Les 741 pages pourraient effrayer. Et pourtant, ouvrir les portes et les fenêtres de cette maison vide, guidé par Laurent Mauvignier, c’est cheminer dans le roman de sa famille sur quatre générations. C’est y réfléchir à sa propre histoire familiale en se l’appropriant. À l’écoute des silences, en observant ce que les hontes passées font aux générations suivantes.

Un cancer pendant la rédaction du livre

Laurent Mauvignier impressionne par son écriture. Un style balzacien à rebours de ce que l’on peut lire aujourd’hui. Simple mais ample, évocateur mais sans sécheresse documentaire. La démarche de Laurent Mauvignier depuis ses premiers livres articule des récits intimes et politiques. Le cas de La Maison vide est particulier car pendant qu’il l’écrivait, le futur récipiendaire du Goncourt 2025 a eu un cancer.

La rentrée littéraire a été saturée par des romans atrabilaires sur les pères, les mères, etc. Laurent Mauvignier n’est pas dans un repli sur l’intime avec ce dixième livre. Même s’il écrit, et c’est nouveau, à la première personne du singulier.

Avant tout, c’est un projet littéraire. « Ici je ne fais que des suppositions, des spéculations – du roman –… mais je crois que si ce que j’écris ici est un monde que je découvre en partie en le rêvant, je ne l’invente pas tout à fait : je le reconstruis pièce à pièce, comme une machine d’un autre temps dont on découvre que le mécanisme a pourtant fonctionné un jour et qu’il suffit de remonter pour qu’il puisse redémarrer ».

Des personnages féminins bouleversants

Quand l’archive familiale a été le terreau de plusieurs romans – tel Mon vrai nom est Élisabeth d’Adèle Yon – , les fondations de la maison vide de Laurent Mauvignier reposent sur les récits qui lui ont été transmis enfant. Même s’il n’est pas tout à fait le narrateur.

Les personnages de femmes, dont la bouleversante Marie-Ernestine, l’arrière-grand-mère paternelle, continuent de nous accompagner après la lecture. Le livre se referme sur son piano autour duquel se rassemblent ses descendants, dont l’écrivain. Après tant d’années, la maison n’est plus vide.

Ce mardi 25 novembre à 19 h, à la librairie Quai des Brumes, à Strasbourg. quaidesbrumes.com