Elle est jugée devant la cour d’assises des Landes depuis ce lundi 24 novembre. Maylis Daubon, 53 ans, est accusée d’avoir empoisonné ses deux filles, Enea et Luan. L’accusée est décrite par de nombreux témoins comme « mythomane », « affabulatrice » et « extravagante ». Mais qui se cache réellement derrière cette mère de famille ?
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L’enquêteur de personnalité est invité à la barre, dès la reprise d’audience en début d’après-midi ce 24 novembre, afin de répondre aux questions de la cour. Un moment très attendu car depuis 2022, et sa mise en examen, Maylis Daubon ne cesse de crier son innocence quant aux faits qui lui sont reprochés. Une innocence à laquelle bon nombre de témoins et de proches de l’accusée ont du mal à croire, beaucoup parlent d’une « mythomane ».

Yannick Reverdy, le père d’Enea s’est constitué partie civile au procès.
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© France 3 Nouvelle-Aquitaine
Le premier n’est autre que Yannick Reverdy, ex-époux de l’accusée et père d’Enea et Luan, présent au procès en tant que partie civile. Dès son entrée dans la salle d’audience un peu avant 9 heures ce lundi matin, il prend place sur le banc qui lui est réservé, épaulé de sa compagne, fébriles tous les deux. À ses pieds, Uxi, le chien d’assistance judiciaire du tribunal de Mont-de-Marsan. Ce jeune labrador noir sera là tout au long du procès pour accompagner, aider et apaiser les victimes dans les procédures judiciaires. « J’ai besoin de m’apaiser », souffle-t-il, la main posée sur l’animal. »J’ai envie d’entendre ce qu’elle va nous dire, j’ai envie qu’elle nous dise des choses », bredouille-t-il, la voix tremblante.
Depuis 2009, et son divorce avec Maylis Daubon, l’homme ne cesse d’alerter sur le comportement de son ex-femme. « Je prêche dans le désert, je l’ai dit aux magistrats, c’est un démon », se désole le père de famille. Alors qu’il revoyait son ex-femme pour la première fois depuis des années, Yannick Reverdy appuie qu’à la barre, Maylis Daubon « reproduit ce qu’elle a fait pendant 16 ans, Enea est décédée à cause de ce comportement ».
Elle a fait ce jeu-là devant les juges pour enfants.
Yannick Reverdy
Père d’Enea et Luan
À la barre, l’enquêteur de personnalité dresse le portrait d’une femme « distinguée », « très intelligente », « cultivée » et au langage « parfois précieux ». Mais il parle aussi d’une femme au comportement « hautain », surjouant les émotions et aux postures « théâtrales ». »Tout est extravagant », lâche Me Victor Font, l’un des deux avocats de Yannick Reverdy à la suspension d’audience.

Me Large et Me Font défendent Yannick Reverdy.
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Lorsqu’on l’interroge sur son parcours professionnel, l’accusée répond qu’elle est « ingénieure dans les industries de l’accueil », »diplômée en hôtellerie, tourisme et restauration », mais aussi « ingénieure consultante sur différents projets comme chargée de mission ». Les témoins, nombreux à la barre, parlent tantôt d’une ancienne Casque Bleu auprès de l’ONU, d’une professeure de langues mortes, ou encore d’une professeure à la Sorbonne. Questionnée, Maylis Daubon nie, ou esquive. « Ça n’a aucun sens, c’est n’importe quoi », rétorque-t-elle depuis le box des accusés.

Me Carine Monzat est l’une de deux avocats de l’accusée.
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« Elle a accompli des missions extravagantes à l’étranger, reprend Me Font, quand on vérifie il n’y a rien du tout, elle n’a quasiment jamais travaillé de sa vie, elle a vécu grâce à l’argent des parents ». L’enquêteur de personnalité évoque aussi une mère de famille « aimante ». Mais elle est présentée par son frère Lilian et par certains proches comme « menteuse » et « mythomane ». »Certains témoins assurent même qu’elle leur a dit qu’elle avait construit la centrale nucléaire de Blaye en 1976, mais elle est née en 1972″, sourit Me Font.
Se faire mousser sur son CV, ce n’est pas le drame de l’année.
Carine Monzat
Avocate de Maylis Daubon

Le procès de Maylis Daubon s’est ouvert ce lundi 24 novembre à la cour d’assises des Landes, à Mont-de-Marsan.
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« Les proches, je rappelle que ce sont des ex-compagnons », précise Me Carine Monzat, l’une des deux avocats de Maylis Daubon. » Ils disent d’autres choses dans les procès-verbaux, on en tire bien ce qu’on veut », ajoute-t-elle. La mythomanie, l’avocate de la défense n’y croit pas et évoque plutôt un « axe de défense », de la part de la partie civile. « Si elle est mythomane, est-ce que ça fait d’elle une empoisonneuse ? « , soulève-t-elle.
Selon Me Danglade, le second avocat de Maylis Daubon, ces mensonges « sont une arme, qui peut être, cache bien des souffrances et des douleurs ». D’après lui, sa cliente aurait mal vécu son divorce avec Yannick Reverdy. « On a évoqué des agressions sexuelles, ça pose question », ajoute-t-il. Mais l’avocat fait valoir que ce sera à Luan, la seconde fille du couple, de faire toute la lumière à ce sujet, « c’est elle qui a évoqué cela, et elle sera entendue ».
L’enquêteur de personnalité conclut son analyse en s’interrogeant « sur l’existence d’éventuels troubles de la personnalité qu’il conviendrait d’identifier ». Des questions auxquelles répondra peut-être l’expert psychiatre Paul Bonnan. Son audition aura lieu ce mardi 25 novembre, juste après celle de Yannick Reverdy. Le syndrome de Münchhausen par procuration, qui consiste à rendre volontairement malade son enfant pour attirer l’attention à soi, sera très certainement au cœur des questionnements de cette journée. Plusieurs hypothèses tendent à dire que l’accusée en est atteinte.