Plus qu’une maison, encore mieux qu’un refuge : « Ici, c’est un lieu de paix. » Anne-Marie David, réalise à peine le coup de patte de velours dont l’Univers a gratifié l’association de défense animalière, qu’elle conduit entre Nice et Cagnes-sur-Mer.

Le 15 novembre dernier, la directrice de l’Arpa, son président Jacques Leboucher et toute l’équipe de cette Alliance pour le respect et la protection des animaux, ont inauguré la villa Elphy, dans le quartier résidentiel Saint-Véran, à Cagnes-sur-Mer.

Toulouse, Nala, Thelma, Picsou… les 100 félins affalés yeux mi-clos au creux de coussins moelleux dans chaque pièce chauffée de la maison, Copain, le cochon rose batifolant sur la pelouse, les 6 chiens espiègles, 2 rongeurs, la tourterelle, profitent de ce paradis hallucinant, planté d’agrumes et de fleurs, qui leur est entièrement dédié.

Ont-ils conscience qu’ils occupent 1.600 m2, dont 300 pour la villa, qu’une bienfaitrice leur a légués ? Sylviane Rava, l’ex-propriétaire de cette bâtisse provençale ocre pâle, a fait fort : « À son décès, il y a 5 ans, nous avons appris que l’Arpa était sa légataire universelle. Nous ne connaissions pas cette dame, mais elle avait entendu parler de nos actions. Elle avait posé 3 conditions à cet héritage : prendre en charge son chat, qui malheureusement était déjà mort, entretenir sa tombe à Caucade, ce que nous faisons, et surtout que cette demeure devienne maison d’accueil pour animaux. »

Une récompense

Un cadeau du ciel incroyable, qu’Anne-Marie David vit « comme une récompense de tout ce qu’on a vécu ».

Les abandons (plus de 80 chats recueillis seulement pour juillet-août), les maltraitances, les descentes dans des appartements pourris, où s’entassent détritus et animaux faméliques, malades, livrés à eux-mêmes… Des âmes en peine, des cabossés de la vie, des souffre-douleur d’humains qui n’en sont pas.

Et qui, désormais, se reconstruisent dans un domaine paisible, loin du tumulte, des dangers et de la cruauté.

Une seconde vie à bord d’une arche de Noé fixe, qu’il a fallu scénariser durant 5 ans. Grâce au coaching d’un architecte, après avoir demandé toutes les autorisations nécessaires, rassuré le voisinage, « avec lequel les relations sont excellentes ».

Pas d’univers carcéral

L’idée ? Faire de la villa « une maison d’accueil, y compris pour les dizaines de chats que nous gardions comme on pouvait au siège peu adapté de l’Arpa, rue Sorgentino, à Nice. Ici, c’est un refuge, bien sûr, mais pas au sens d’univers carcéral ».

Si extérieurement, la villa paraissait solide, à l’intérieur, tout a dû être repensé et en mode chats. On a abattu des cloisons, posé un escalier intérieur reliant les 2 niveaux, fait de chaque pièce, une chambre douillette.

« Pour obtenir une ambiance appartement. » Climatisation l’été, chauffage l’hiver, carrelage jusqu’en haut des murs pour un entretien facile, lits, fauteuils, banquettes, arbres à chats, jouets, gamelles, litières composent une atmosphère validée par la gent féline.

Pour les vieux chats totalisant entre 18 et 20 ans, on a conçu « 2 pièces Ehpad. On a choisi les plus claires et les plus ensoleillées ».

Toutes les portes sont en métal brun ajouré « pour que les animaux se respirent mutuellement ».

Aux petits soins

Au rez-de-chaussée, un cabinet vétérinaire est en cours d’aménagement, « mais uniquement pour les animaux de la maison et les premiers soins ou petites interventions ».

A l’étage, une cuisine complète permet de préparer les pitances.

On a aussi pensé aux 5 employés : toilettes indépendantes, vestiaires avec douche et, sous les combles, un appartement aménagé pour Stéphane, responsable de la villa, qu’il occupe en permanence, nuit et jour : « Les animaux ne sont jamais seuls. »

A l’extérieur, un enclos de 75 m2, lui aussi climatisé ou chauffé selon les saisons, abrite un groupe de chats, qui peuvent aller roupiller dans un autre appartement installé dans le garage, grâce à un tunnel d’accès. Un second enclos similaire est en construction tout à côté.

Voilà donc ce nouveau royaume pour minous. « Où on respecte la vie et où on condamne l’euthanasie de convenance. » Un domaine, auquel on a donné le nom d’Elphy « en souvenir d’une petite chatte de 18 ans, morte de désespoir et abandonnée »…

Solidarité de tout poil

Le chantier pour transformer cette villa en chatterie hors norme, a demandé un investissement de 400.000 euros.

« Financés en partie par le Fonds de dotation Mesnage-Augier-Negresco, un autre legs, un don de Royal Canin et d’autres dons des adhérents. »

La solidarité pour l’Arpa est toujours la bienvenue. Le 21 décembre, à partir de 14h, une journée portes ouvertes, en présence du journaliste défenseur des animaux Henry-Jean Servat, sera organisée pour favoriser les adoptions et permettre à cette association de continuer son projet.

L’Arpa est joignable au 04.93.26.29.70 et sur son compte Facebook (Arpa Nice), où il est possible de faire un don en ligne.