35 000 tonnes : c’est la quantité de déchets sauvagement déposés par des criminels à Hoad’s Wood, bois (autrefois) idyllique situé non loin d’Ashford, dans le comté anglais du Kent. Le nettoyage va coûter 15 millions de livres (environ 17 millions d’euros). Cinq ans après la première alerte, il a fallu une mobilisation considérable des résidents et d’associations écologistes pour que l’Agence britannique de l’environnement se décide a dépolluer, rapporte le Guardian.

« À mesure que le crime organisé s’implique davantage dans le trafic de déchets, qualifié de « nouveau [narcotrafic] », l’ampleur du désastre environnemental qu’il engendre ne cesse de croître, alerte le journal. À travers le pays, on dénombre six autres décharges illégales de taille similaire, voire supérieure, à celle de Hoad’s Wood, réparties du Lancashire aux Cornouailles. »

Ne pas devenir l’Italie

Ordures ménagères, caoutchouc toxique, matériaux de construction, métaux lourds : les déchets dangereux restent parfois sur place pendant des années, sans perpectives de dépollution. Et ce, bien que leurs emplacements soient connus de l’Agence de l’environnement. Une enquête parlementaire de la Chambre des Lords a récemment dévoilé que l’institution peinait à réagir à temps et correctement, y compris dans les cas les plus graves et manifestement illégaux.

« Un système défaillant engendre des résultats médiocres, et ce dont nous avons besoin, c’est d’un changement fondamental, accuse Lord John Russell. Je ne veux pas que nous devenions comme l’Italie, où une sorte de mafia contrôle tout. J’ai l’impression qu’on utilise une bande de bras cassés pour lutter contre la criminalité. Je veux qu’on aborde ce problème comme du crime organisé. »

Certes, l’Agence de l’environnement a déjà fermé quatre grandes décharges illégales. Mais bien qu’elle soit chargée d’enquêter sur les infractions graves liées aux déchets, elle semble dépourvue des moyens financiers (et de la volonté) de dépolluer les zones et de mettre les responsables en prison. Sa stratégie consiste à contraindre les pollueurs à nettoyer derrière eux, mais elle semble pour le moment rencontrer un succès limité.

Pieds-nickelés

« Le parti travailliste a augmenté de 50 % le budget de l’Agence de l’environnement consacré à la lutte contre la criminalité liée aux déchets, le portant à 15,6 millions de livres sterling, précise le Guardian. Cependant, les critiques estiment que l’agence n’est tout simplement pas suffisamment outillée pour relever ce défi, ni pour s’attaquer au crime organisé, ni pour disposer des enquêteurs nécessaires pour traiter ce type de criminalité à une telle échelle. »

La petite équipe d’enquêteurs se concentre actuellement sur l’un des cas les plus urgents : la mafia a déversé des milliers de tonnes d’ordures ménagères des environs dans un champ situé le long de la rivière Cherwell, dans l’Oxfordshire. Les ordures ont commencé à se déverser dans cette dernière et menacent de contaminer l’eau.

Alertée il y a plusieurs mois, l’Agence de l’environnement avait simplement mis en demeure le propriétaire du terrain en juillet, ce qui n’a pas empêché les criminels de récidiver en septembre. L’accès à la zone a finalement été bloqué par décision de justice le mois dernier. Mieux vaut tard que jamais.