Parmi les invités déambulant dans ce qui pourrait s’apparenter à des logements témoins, certains sont là par pure curiosité. C’est le cas de Jean-François, qui habite juste à côté. « Ce n’est pas assez moderne à mon goût », glisse-t-il en montrant « une armoire style campagnard ».

Les deux habitats partagés disposent d’un espace commun de 80 mètres carrés comprenant une cuisine, un coin repas mais aussi un salon donnant sur un extérieur.

Les deux habitats partagés disposent d’un espace commun de 80 mètres carrés comprenant une cuisine, un coin repas mais aussi un salon donnant sur un extérieur.

C. L.

Deux habitats partagés et 14 appartements

Mais au-delà des goûts et des couleurs, beaucoup étaient venus dans l’espoir de trouver une solution de vie sereine, souvent accompagnés d’un proche, une étape importante avant de se décider. Cécile, par exemple, s’est inscrite avec ses parents. Son père, 91 ans, sa mère, 76 ans, et des nuits qui ne sont plus de tout repos. C’est d’ailleurs lors d’une insomnie que l’idée lui est venue : « Je cherchais un moyen pour qu’ils puissent rester ensemble et vivre non loin de chez moi », explique-t-elle. Et, en parallèle, une manière de soulager son quotidien d’aidante familiale.

Ses parents ne devraient pas rejoindre l’un des deux habitats partagés conçus pour huit personnes chacun mais l’un des 14 logements autonomes (sept T2, six T3 et un T4) destinés aussi bien à des familles, des veilleurs intergénérationnels que des seniors. « Des gens qui souhaitent s’impliquer dans le projet », note toutefois Oscar Lustin, cofondateur de Domani.

La partie privative est une chambre partagée entre un coin nuit et un espace jour, avec une salle de bains et une kitchenette.

La partie privative est une chambre partagée entre un coin nuit et un espace jour, avec une salle de bains et une kitchenette.

C. L.

Une solitude qui pèse

Marie, 81 ans, Gradignanaise de longue date, a franchi le cap en s’installant dans un T2. Elle a pu emporter « deux ou trois meubles » chers à son cœur, dont son buffet, mais le reste de sa vie se réorganise dans ce nouvel environnement. Voilà une vingtaine d’années qu’elle vit seule depuis le décès de son mari. Une solitude qui lui pèse et un appartement qui n’est plus adapté à ses besoins, avec « des factures de gaz à plus de 200 euros par mois ». Elle déplore aussi un manque de lien social. « Les gens ne veulent pas faire d’effort, chacun reste chez soi », se désole-t-elle. Cette solitude l’a poussée à traverser des périodes sombres : « Il m’est arrivé d’avoir des idées noires », avoue-t-elle. Ce qu’elle cherche aujourd’hui ? Faire des rencontres, sortir de chez elle, rire de nouveau.

Ce que Marie cherche aujourd’hui ? Faire des rencontres, sortir de chez elle, rire de nouveau

Mais cette nouvelle vie a un coût. Si elle apprécie son nouveau cadre, elle reconnaît aussi « ne pas être gagnante » en déboursant « 300 euros de plus par mois ». Chez Domani, le prix d’un deux-pièces avoisine les 1 200 euros par mois charges comprises, avec WiFi, parking et assurance habitation. Côté colocation, lors de la visite, il est expliqué aux seniors qu’il leur en coûtera entre 1 900 et 2 100 euros mensuels. Ce prix inclut l’aide d’une coordinatrice pour gérer les courses et les repas, ainsi qu’un gardien de nuit. « Les seniors bénéficient des mêmes aides que chez eux », assure Oscar Lustin. Ils peuvent ainsi percevoir l’allocation personnalisée autonomie (APA) gérée par le Département, mais qui dépend du niveau de dépendance, ou encore l’aide personnalisée au logement en fonction de leurs revenus.