Courant 2024, Pascal Houbron, maire (UDI) de Bihorel (Seine-Maritime), ville du nord de l’agglomération rouennaise, souffre pendant six mois d’aphasie. Durant son absence, c’est sa première adjointe, Nathalie Lecordier, qui gère la commune. Puis, le 14 janvier 2025, le maire reprend son poste, auquel il a été élu pour la première fois en 2001.
Mais il revient changé. Lors des vœux au personnel, le premier édile annonce ainsi « qu’après un quart de siècle à la tête de la ville », il ne sera pas tête de liste aux prochaines élections municipales. « Je souhaite que la ville continue sur le sillon tracé depuis 2001. Pour cela, je fais toute confiance à ma première adjointe pour prendre ma succession dans le fauteuil de maire de Bihorel. Elle a montré pendant cette période d’intérim qu’elle avait la stature pour cela et le goût de l’action publique municipale », assure-t-il alors.
En quelques mois, cette assurance a volé en éclats. Au conseil municipal du 9 octobre dernier, le maire n’était plus accompagné que d’une seule adjointe de sa majorité.
La fronde a débuté le 2 mai dernier, lorsque l’essentiel du groupe majoritaire, depuis rassemblé dans la liste Bihorel en commun, a publié un communiqué de presse dénonçant le projet de Pascal Houbron de constituer « une liste dissidente, distincte de celle de son équipe actuelle ». « Nous regrettons cette ambition personnelle qui fragilise notre équipe et compromet notre action collective », précisent alors les conseillers municipaux.
Le maire se défend alors en disant qu’il n’a « qu’une exigence, qu’on me laisse terminer sereinement et progressivement mon mandat, quand d’autres auraient voulu voir l’intérim se prolonger jusqu’en mars 2026, et que je reste tranquillement à la maison. Il ne pouvait pas y avoir deux maires. Il y en a un, c’est moi ».
17 élus, dont 5 ex-adjoints au maire
Dénonçant des manœuvres de déstabilisation « proches de l’abus de faiblesse », il est alors reparti au combat, car « j’ai repris mes fonctions et je les assumerais jusqu’au bout ». Mais, surtout, il décide de finalement se présenter lui aussi aux prochaines élections municipales, « afin de répondre favorablement à l’appel des jeunes Bihorellais, des citoyens engagés qui sont venus me voir pour bâtir avec moi un projet novateur. Moi, en plus, je n’ai pas besoin de faire campagne. Ce n’est pas moi qui mène une liste dissidente, mais eux ».
La bataille se poursuit le 26 juin, lors d’un conseil municipal. La liste Bihorel en commun a alors annoncé sa constitution avec pas moins de 17 élus, « un groupe qui représente dorénavant la majorité municipale », soutient Nathalie Lecordier. Acculé, le 5 septembre, Pascal Houbron retire les délégations de cinq adjoints (sport, culture, urbanisme, finances, événementiel) sur huit.
Le dernier épisode a eu lieu le 9 octobre. Lors d’un autre conseil municipal, cette fois dans une salle comble, car cet affrontement attire de plus en plus les habitants, le maire n’a pu qu’entériner la situation : il ne lui reste qu’une seule adjointe, « après avoir reçu le 25 septembre de la préfecture la démission des autres adjoints ».
En minorité, le premier édile a également, cette soirée-là, perdu ses délégations, à la demande de ses anciens amis, sauf pour la gestion des régies et des concessions funéraires. « Vous avez en commun la faillite, le déshonneur, l’abjection, l’ignominie et la honte », lâche le maire en colère.
Depuis, les candidats se mettent en place puisque après Bihorel en commun, les « opposants d’hier » ont créé la liste « Bihorel aérée » et d’autres candidats vont se présenter sous l’enseigne, Bihorel collectif citoyen. Quant au maire, il n’a toujours pas donné de détails sur ses colistiers et son programme. La situation s’annonce donc encore agitée au moins jusqu’au 15 mars 2026, jour du premier tour, à Bihorel. La prochaine date clé d’ici là sera le 26 février, date limite du dépôt des candidatures.