Par

Amandine Vachez

Publié le

25 nov. 2025 à 11h46

Ne tentez pas de prononcer le mot, mais gardez-le en tête. La « scanxiety », nom donné par les laboratoires Biogroup au stress lié au dépistage, est au cœur d’une campagne de sensibilisation nationale, menée sur octobre et novembre 2025. Baptisée « Rosember » (contraction d’Octobre Rose et Movember), elle est notamment relayée dans 29 laboratoires du Nord, dont à Seclin. Voici ce que cette campagne met en lumière et ce que les équipes font à leur niveau, pour sensibiliser les publics.

Les Français stressés à l’idée de se faire dépister

Biogroup, qui se présente comme « acteur majeur de la prévention », a mené une enquête exclusive avec Ifop sur la « scanxiety » : cette anxiété spécifique liée à la perspective de passer un examen médical. Alors que le dépistage est un des leviers les plus efficaces dans la lutte contre le cancer, l’étude* révèle qu’il reste freiné par des peurs, souvent passées sous silence :

  • 8 Français sur 10 âgés de 25 ans et plus se disent informés sur les différents examens de dépistage du cancer, mais seulement 18 % se considèrent « très bien informés » ;
  • La moitié des répondants déclare avoir déjà réalisé un dépistage ;
  • 50 % se disent stressés à l’idée de passer un examen de dépistage, dont 14 % très stressés ;
  • 12 % déclarent avoir déjà renoncé à un dépistage, par peur du résultat ;
  • Le principal frein identité est la peur du résultat (27 %), suivie des problèmes d’accessibilité (14 %) et du déni ou sentiment de ne pas être concerné (13 %).

Banderoles, questions, encouragement
Dans le laboratoire de Seclin (Nord), les équipes portent du rose et du bleu, pour la nouvelle campagne de Biogroup,
Dans le laboratoire de Seclin (Nord), les équipes portent du rose et du bleu, pour la nouvelle campagne de Biogroup, « Rosember ». Ils encouragent à se faire dépister, malgré le stress lié aux examens. ©Amandine Vachez

Dans le laboratoire de Seclin, les membres du personnel portent deux rubans cette année sur leur blouse blanche : un rose pour les cancers féminins, un bleu pour les cancers masculins. Des banderoles bicolores affichant « Rosember » s’en font écho, attisant la curiosité des patients. « Certains nous ont demandé si c’était pour un anniversaire. En tout cas, on a remarqué que ça engage l’échange », témoigne le Dr Hubert Odaert, présent le jour de notre visite.

En plus de ces couleurs, des visuels de campagne avec des fruits ont été choisis par le groupe. « Ça intrigue », a remarqué le biologiste médical nordiste. « Ça nous permet d’être, à notre échelle, acteurs de la prévention. »

Nous ne faisons pas de dépistage en tant que laboratoire pour les cancers, les actes de biologie sont faits dans un autre temps. Mais l’idée est, depuis les laboratoires, de faire partie de la chaîne de transmission. De dire aux patients de ne pas hésiter à consulter.

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Les hommes particulièrement concernés

Concrètement, l’objectif de « Rosember » est d’attirer l’attention sur les cancers masculins en particulier. Le Dr Odaert explique : « À côté d’Octobre Rose, Movember connaît peu de retentissement. » D’ailleurs, l’équipe seclinoise qui a fait une course pour Octobre Rose, portait les couleurs de cette campagne hybride. « Ça a étonné, c’est sûr. » Et c’était l’objectif. Car s’il y a une différence d’information en fonction des âges (66 % des 25-34 ans se disent informés sur les examens du dépistage liés aux cancers, contre 88 % chez les plus de 50 ans), il y en a aussi au niveau du genre.

Les hommes ont tendance à moins se faire dépister, par déni, par pudeur. La fréquence des cancers est plus importante chez les femmes, mais elle touche généralement une tranche d’âge assez jeune, chez les hommes.

Dr Hubert Odaert, biologiste médical à Seclin.

En effet, le cancer testiculaire se déclare majoritairement entre 15 et 35 ans. Or, détecté précocement, « son pronostic est excellent, avec près de 93 % de survie à 5 ans », appuie le Dr Laurent Kbaier, directeur de communication et biologiste médical pour Biogroup**.

« Prévenir, c’est déjà soigner »

Face à la crainte ou à une attente parfois de plusieurs mois pour voir un spécialiste, les équipes de Biogroup sèment des graines, pour encourager à se faire dépister. Une des solutions, en plus du message visuel qui reste dans les esprits : l’autopalpation. Localement, le CHU de Lille a de son côté lancé une campagne marquante cette année. Entouré du LOSC et de l’entreprise Lemahieu, le Centre hospitalier régional invite les hommes à se « tâter ».

Affichages, discussions, événements… Tout moyen est bon pour sensibiliser. Comme le résume bien le Dr Eric Flatin, « prévenir, c’est déjà soigner. »

*Cette enquête Ifop pour Biogroup a été réalisée entre le 17 et le 19 septembre 2025, auprès d’un échantillon de 1 019 personnes, âgées de 25 ans et plus, pour analyser relation entre stress, anxiété et dépistage. Plus d’infos sur le site de Biogroup.
**Santé publique France, 2021, sur la base de données récoltées en France métropolitaine (1989-2018).

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