Jurée du Festival des 3 Continents à Nantes, India Hair revient avec plaisir dans la ville où elle a commencé à apprendre le métier de comédienne. « Ça m’a paru accessible », dit-elle.
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Le rendez-vous avait été fixé au Cosmopolis, « lieu de découverte et d’échange autour des cultures du monde », dit le site internet de cet espace situé rue Scribe et où se retrouvent festivaliers, organisateurs et invités lors d’événements comme le Festival du cinéma espagnol où, en l’occurrence, le Festival des 3 Continents.
India Hair arrive, quasiment à l’heure, il faut le souligner, et on décide de s’asseoir à une petite table ronde, autour d’un café. Serré. Sans sucre.
Pull de laine rouge (entre tomate et framboise), à col roulé, torsadé, maquillage des plus discrets (un léger rouge à lèvres). Une touche de folie tout de même avec du vernis pailleté sur des ongles coupés court.
India Hair aime le naturel, elle le porte sur elle et le décline dans sa vie. Plutôt que Paris, la comédienne a choisi de vivre dans la Sarthe. Elle dit préférer aussi les écrivains qui parlent de nature.
« À La Colinière, on avait lu un bouquin de Giono, ça m’avait marquée », raconte India qui s’est replongée récemment dans l’œuvre de l’auteur provençal. « Que ma joie demeure » est son livre de chevet en ce moment. « Ce sont les plus belles pages que j’ai lues sur le printemps ! », dit-elle, enthousiaste.
La Colinière, c’est le lycée nantais où India a confirmé son choix professionnel. Née à Saumur d’un père américain et d’une mère britannique qui habitent tout à côté, en Indre-et-Loire, India Hair a très vite eu envie de monter sur les planches. C’était une façon pour elle de pouvoir exprimer ses sentiments sans risquer des reproches.
« C’est très agréable pour un enfant de pouvoir crier. J’ai toujours voulu être comédienne », explique-t-elle en reconnaissant que sa première inclination allait plutôt vers la danse « Mais j’étais trop nulle », avoue-t-elle en souriant.
Ses parents sont aussi dans la branche artistique. Lui est céramiste et elle, est sculptrice. « D’ailleurs, glisse India au passage, ce samedi (29 novembre), il y a le vernissage d’une exposition de ma maman à la galerie Toulouse Lauwers, rue Lafayette à Nantes ». Mais la fibre remonte aussi à des aïeux qui étaient dans l’univers du théâtre en Angleterre. Un grand-père metteur en scène et une grand-mère actrice. India aimait les écouter lui raconter leurs souvenirs.
Bien inspirée, elle a commencé par prendre des cours de théâtre à la maison de quartier de Chinon, puis a choisi d’aller au lycée de La Colinière, à Nantes, option théâtre. Elle se souvient de deux intervenants : le metteur en scène Fabrice Eveno de la compagnie Le Cercle Karré et le comédien Georges Richardeau du Théâtre de l’Ultime.
« Ils nous prenaient pour des acteurs, se souvient avec plaisir India Hair, ils nous parlaient comme à des acteurs et nous faisaient découvrir des auteurs magnifiques. On allait voir des spectacles. Ce métier m’a paru accessible. »
Elle évoque aussi une prof de théâtre en seconde et terminale, « Mme Huchet !, se remémore-t-elle après avoir fouillé dans sa mémoire. Elle était géniale ! »
Puis ce sera le Conservatoire à Nantes où d’autres enseignants nourriront cette passion. « Ils nous ont fait découvrir le théâtre contemporain. On réfléchissait à la musique, aux costumes. Avant de travailler sur le texte. »
Tout l’inverse de ce qu’elle fera ensuite au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris où, dit-elle, le texte est l’objectif premier.
Rapidement, le cinéma accapare la jeune comédienne qui obtient un rôle en 2011 (elle a alors 24 ans) dans le film de Raphaël Jacoulot « Avant l’aube ». Puis ce sera Noémie Lvovsky qui l’appellera pour « Camille redouble » qui lui vaudra une nomination dans la catégorie du meilleur espoir féminin en 2013 (il y aura une nouvelle nomination huit ans plus tard pour Poissonsexe d’Olivier Babinet). Et le planning s’est peu à peu rempli. L’an dernier, elle jouait avec Camille Cottin et Sara Forestier dans le film d’Emmanuel Mouret « Trois amies« .
Le cinéma, mais aussi la télévision avec, notamment, des séries de qualité comme Dix pour cent, Des gens bien, Polar Park…
Avec de trois à quatre tournages par an, India Hair ne se plaint pas, même si elle reconnaît que ça n’a pas été toujours facile. « Il y a des mois où c’est galère et d’autres mois où c’est la fête », avoue la comédienne qui aimerait refaire du théâtre. Mais, jouer avec une troupe impliquerait d’être absente de son foyer familial sarthois, et trop loin parfois. La porte n’est pas pour autant fermée. Question d’organisation dit-elle.
Quand on va au cinéma, on entre en résonance avec des gens qu’on n’aurait pas pu croiser, je suis rapidement touchée.
L’avenir pourrait s’écrire de l’autre côté de la caméra ou du rideau. La réalisation et la mise en scène l’attirent. Elle y recherchera le plaisir de toucher à tous les aspects : le choix des costumes, des décors, de la musique. « J’aime bien penser globalement », dit-elle. Elle évoque aussi un projet de court-métrage sur les artistes en milieu rural (Tiens ! une histoire de nature…)

Festival des 3 Continents, du 21 au 29 novembre à Nantes.
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© France Télévisions Olivier Quentin
Pour le moment, India Hair, est de passage à Nantes en tant que jurée pour le Festival des 3 Continents dont c’est la 47ème édition. Un vrai plaisir pour l’ex-nantaise d’adoption.
« Je voyais les affiches du festival quand j’étais à La Colinière, raconte-t-elle. Je suis contente d’avoir pu venir. J’ai tous mes amis ici. »
Grande lectrice, curieuse des autres, India Hair aime aussi s’intéresser à ce qui se fait au cinéma dans d’autres pays. Elle apprécie particulièrement le cinéma belge et l’ambiance des tournages, « le rapport horizontal sur le plateau, dit-elle. On est là ensemble pour servir une œuvre. » Dans le cinéma roumain, India se délecte : « Un mélange frontal, drôle, très engagé politiquement, avec beaucoup de malice. C’est joyeux. »
C’est important pour les enfants qu’on leur lise plein d’histoires et qu’ils voient beaucoup de films.
Nul doute que les délibérations seront riches avec cette actrice passionnée et cultivée.
Au moment de terminer cette interview, se pose l’exercice de la photo qui illustrera l’article.
India propose de se placer devant le mur de photographies qui mène au bar de l’espace Cosmopolis. Une photo d’un des films du réalisateur taïwanais Ang Lee lui convient comme fond de décor. Deux ou trois photos sont prises. L’actrice choisit celle où elle a bougé et se trouve de profil. Plus originale. Plus décalé.
Quand on voit les rôles qu’elle a pu camper, ce n’est pas surprenant.
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