• Une carte relayée sur les réseaux sociaux prétend montrer l’implantation massive des bases de l’Otan autour de la Russie.
  • Ce document appuie la propagande prorusse selon laquelle le conflit initié par Moscou en Ukraine serait une réaction à une menace occidentale visant son territoire.
  • Relayée depuis 2018 en ligne, la carte est trompeuse et présente des sites attribués à l’Otan dans des pays où elle n’est pas officiellement présente.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la propagande prorusse tente régulièrement d’inverser les rôles en plaçant Moscou dans une position de victime du conflit. Cette thèse s’appuie notamment sur un argumentaire selon lequel les Occidentaux menaceraient les intérêts russes et la sécurité du pays. Dans ce contexte, l’implantation de l’Otan est par exemple mise en avant, comme avec cette carte, partagée sur les réseaux sociaux et qui est relayée en ligne à intervalles réguliers. 

De nombreux points sur cette carte ne correspondent pas à des bases de l'Otan. - Capture écran XDe nombreux points sur cette carte ne correspondent pas à des bases de l’Otan. – Capture écran X

Sur ce document, on observe une multitude de points bleus tout autour du territoire russe. Il s’agirait, selon les auteurs de la carte, des différentes bases de l’alliance transatlantique à travers le monde. Leur nombre et leur proximité avec les frontières russes suggèrent une menace directe pour le pays dirigé par Vladimir Poutine.

Des emplacements qui ne concordent pas

Des outils de recherche d’image inversée permettent de constater que cette carte a été diffusée en ligne avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Des occurrences en 2022 sont faciles à retrouver (nouvelle fenêtre), mais plusieurs médias internationaux évoquent même des publications qui remontent (nouvelle fenêtre) à 2018. Une antériorité qui n’est pas forcément surprenante puisque les discours russes hostiles à l’Otan ont précédé la guerre, incarnant la défiance entretenue de longue date par les autorités à l’égard des puissances occidentales, États-Unis en tête.

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L’emplacement des supposées bases de l’organisation a de quoi surprendre puisque, outre leur nombre élevé, on les retrouve autant en Arabie saoudite qu’au Japon ou au Pakistan. La consultation du site officiel de l’Otan suggère que le document repartagé en ligne est trompeur : en effet, la carte de l’implantation de l’organisation qui y figure ne montre pas les mêmes emplacements. 

Les emplacements affichés par l'Otan sur cette carte ne correspondent par uniquement à des sites militaires.  - OtanLes emplacements affichés par l’Otan sur cette carte ne correspondent par uniquement à des sites militaires. – Otan

Notons par ailleurs qu’une implantation de l’Otan matérialisée sur la carte ci-dessus ne sera pas nécessairement corrélée à une présence militaire sur place. Il peut en effet s’agir de bâtiments civils et administratifs, tout autant que de bases opérationnelles. Sollicité il y a quelques années, un porte-parole de l’organisation transatlantique avait évoqué le document trompeur posté sur les réseaux sociaux, confirmant (nouvelle fenêtre) qu’il relayait de fausses informations. « Cette carte est totalement fausse et ne représente pas les bases de l’Otan dans le monde », indiquait-il à l’AFP.

Soulignons enfin que l’Otan est une alliance à « vocation défensive », comme elle l’explique (nouvelle fenêtre) sur son site. Ses membres coopèrent pour maintenir « une posture de dissuasion et de défense crédible reposant sur un ensemble approprié de capacités nucléaires, de capacités conventionnelles et de capacités de défense antimissile, complétées par des capacités spatiales et des capacités cyber ».

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Thomas DESZPOT