Travailler plus de 14 heures par jour,
sans véritable repos hebdomadaire, le tout pour un salaire
inférieur au médian suisse, telle est la proposition de la start-up
Forgis. L’annonce, publiée sur LinkedIn, a suscité un tollé en
ligne et relancé le débat sur l’équilibre entre vie professionnelle
et vie personnelle. Le PDG, Federico Martelli, assume pleinement ce
modèle inspiré de la Silicon Valley, affirmant rechercher des «
membres fondateurs » prêts à sacrifier leur temps pour la
croissance de l’entreprise.
En Suisse, une offre
d’emploi publiée par la start-up Forgis a provoqué un
véritable choc. L’entreprise spécialisée en intelligence
industrielle propose un poste de « product growth associate
» avec une charge de travail comprise entre 80 et 100 heures
par semaine. L’annonce précise même que « quelques dimanches de
repos » seront accordés, mais insiste sur le fait que
l’équilibre vie pro/vie perso n’est pas une valeur
défendue par la société. À cela s’ajoute un salaire de 70 000
francs suisses par an, une rémunération inférieure au salaire
médian national. Face aux critiques, le PDG Federico Martelli
revendique une culture « Silicon Valley » et affirme que 1
200 personnes ont déjà postulé.
Une offre d’emploi hors normes pour un salaire en dessous
de la moyenne
Des horaires qui défient la logique
Travailler entre 80 et 100 heures par semaine représente des
journées de plus de 14 heures, sans véritable repos hebdomadaire.
Ce rythme, calculé par Le Parisien, dépasse
largement les standards européens et suscite des
inquiétudes sur la santé physique et mentale des
salariés. En effet, un tel volume horaire réduit
considérablement le temps consacré au sommeil, aux loisirs et à la
vie familiale. Ainsi, l’annonce illustre une vision extrême du
travail où la performance prime sur l’équilibre personnel.
Un salaire en dessous de la moyenne suisse
Au-delà des horaires, le salaire proposé
renforce la polémique, souligne huffingtonpost.fr. Avec 70 000
francs suisses par an (environ 75 000 euros), la rémunération est
inférieure au salaire médian suisse, estimé entre
78 000 et 80 000 francs. Ce décalage choque d’autant plus que la
charge de travail est exceptionnelle. Certes, l’offre inclut 1 %
d’actions de l’entreprise, mais cette compensation reste incertaine
et dépend du succès futur de la start-up. Ainsi, le modèle
économique proposé semble désavantager les candidats, qui doivent
fournir un effort colossal pour une rémunération
inférieure aux standards.
Un profil exigeant et élitiste
La start-up Forgis ne se contente pas d’exiger
un investissement massif en temps, elle recherche des candidats
titulaires d’un master en sciences, issus d’universités
prestigieuses telles que l’ETH Zurich, Oxford ou Cambridge. Cette
exigence académique renforce le caractère élitiste
de l’offre, réservée à une minorité de diplômés. En conséquence,
l’annonce combine une sélection drastique avec des conditions de
travail extrêmes, ce qui accentue le sentiment d’injustice relevé
par de nombreux observateurs.
Une vision assumée, mais
controversée
Une culture inspirée de la Silicon Valley
Le PDG Federico Martelli défend son modèle en
affirmant que « c’est la vie dans une start-up, style Silicon
Valley ». Selon lui, les candidats doivent être prêts à
s’investir comme des « membres fondateurs » et non comme
de simples collaborateurs. Cette vision valorise
l’engagement total et la compétition interne,
présentée comme « saine » et stimulante. Toutefois, elle s’oppose
frontalement aux valeurs européennes qui privilégient l’équilibre
entre vie professionnelle et vie personnelle.
Une franchise qui divise
L’annonce publiée sur LinkedIn a le mérite de la transparence.
« Nous ne sommes pas une famille, nous sommes des camarades en
mission », peut-on y lire. Forgis revendique une logique de «
coopétition », où les salariés se soutiennent tout en se poussant
mutuellement à travers une compétition constante.
Si certains saluent cette franchise, d’autres dénoncent une culture
d’entreprise qui normalise l’épuisement et la pression permanente.
Ainsi, la communication directe de Forgis devient à la fois un
argument de séduction et une source de
polémique.
Un engouement malgré les critiques
Malgré la polémique, Federico Martelli affirme que 1 200
personnes ont postulé en seulement trois jours. Ce chiffre,
surprenant, montre que le modèle attire certains candidats, séduits par l’idée de
participer à une aventure entrepreneuriale
intense. Toutefois, il interroge sur les motivations de ces
postulants. Quoi qu’il en soit, l’engouement démontre que la
culture du « workaholism » conserve des
adeptes, même face aux critiques.