Il y a des soirs où le Vélodrome ne se contente pas d’être un stade : il redevient un volcan. Un de ces soirs où Marseille pulse plus fort que la ville, où l’OM semble rejouer son histoire avec ses héros, ses drames, ses coups d’éclat. Et, face à Newcastle (2-1), ce cinquième match de phase de Ligue de la Ligue des champions a trouvé ce mardi soir son personnage principal : Pierre-Emerick Aubameyang, 36 ans, sourire carnassier et jambes encore affûtées comme au premier jour.

Quatre occasions franches en première période. Quatre face-à-face perdus qui, à son âge, pourraient faire vaciller les certitudes. Une frappe sans angle repoussée. Une reprise pas assez appuyée. Une tête non cadrée. Une autre tentative avortée. Le Vélodrome piaffe, retient son souffle, mais lève les bras à chaque accélération, parce qu’avec Aubameyang, on sait : le but n’est jamais loin.

Il n’a pas été réaliste, non. Mais il n’a jamais renoncé. Le temps, chez Aubameyang, n’est pas une fatalité. C’est une arme. En seconde mi-temps, deux opportunités. Deux ballons vivants, deux instants arrachés dans le chaos. Deux buts. Un premier dans la pure tradition du numéro 9 : appel tranchant, finition chirurgicale.

Et puis ce second, une réalisation de renard des surfaces prompt à jaillir au premier poteau célébré par un « salto », ce geste signature, l’air de dire : « Vous pensiez que j’étais fini ? Vous ne m’avez jamais vraiment regardé. »

Il est revenu cet été d’Arabie saoudite pour revivre ces émotions-là, ces nuits continentales qui écrivent les légendes, pour sentir la peau vibrer sous les décibels du Vélodrome.

Guide et buteur

À 36 ans, Pey-Aub n’est plus seulement un buteur : il est un guide. Il insuffle, il parle, il montre. Il prend sous son aile les gamins. « On n’a pas bien démarré le match, a déclaré le héro du soir au micro de Canal+. Après on a repris le jeu en main. A la mi temps le coach nous a dit d’y croire, qu’il y aurait des opportunités. »

Il y a, dans ce duel contre Newcastle, une résonance presque mystique. À chaque fois que les Magpies se présentent à Marseille, un attaquant africain de l’OM crève l’écran.

Comment ne pas convoquer Didier Drogba, l’Ivoirien incandescent de 2003-2004, auteur d’une demi-finale retour de Coupe de l’UEFA entrée dans la veine bleue du club. Ses buts, sa fougue, sa course folle avaient ouvert la voie vers la qualification.

Vingt ans plus tard, Aubameyang, sorti sous une véritable ovation, prolonge cette lignée sacrée. Drogba et lui, deux trajectoires différentes, mais un point de convergence : ils ont su embraser le Vélodrome.

Ils sont ces grands attaquants africains qui portent la ville, qui comprennent instinctivement ce que représente ce maillot, cette ferveur brute, cette injonction simple et magnifique : aller vers le but, toujours.

Marseille n’aime pas les tièdes. Marseille aime ceux qui osent, qui tombent, qui se relèvent. Ceux qui manquent quatre fois mais marquent les deux balles décisives. Ceux qui, à 36 ans, reviennent parce qu’ils sentent encore qu’un stade peut les embraser.

Ce mardi soir, Aubameyang n’a pas simplement marqué : il a rappelé une vérité essentielle : l’OM ne vieillit pas, l’OM se transmet. Comme Drogba en son temps, Aubam est désormais l’un des passeurs. Dans un Vélodrome incandescent, il a signé plus qu’un doublé : il a perpétué la tradition, il a honoré la devise, il a tenu Marseille au cœur. Droit au but. Toujours.

Et ce doublé, au-delà de la symbolique, offre surtout à l’OM un souffle précieux : grâce à ce succès, Marseille reste pleinement en course pour accrocher les barrages cet hiver. Une seule victoire lors des trois dernières journées pourrait même suffire pour décrocher les play-offs.