Trois personnes ont été écrouées et une quatrième placée sous contrôle judiciaire dans une double affaire d’espionnage économique et d’ingérence au profit de la Russie. Une association qui se présente comme une organisation d’aide humanitaire semble avoir servi de couverture à ces activités.

Quatre personnes ont été mises en examen dans le cadre d’une double affaire d’espionnage économique et d’ingérence au profit de la Russie, a appris BFMTV auprès du parquet de Paris, confirmant des informations du Parisien.

C’est d’abord Anna N., une Franco-Russe fondatrice et membre de l’association SOS Donbass, qui a attiré l’attention de la DGSI. Le service de renseignement a détecté des « agissements susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », soupçonnant cette femme de 40 ans d’avoir approché les cadres de plusieurs sociétés françases pour obtenir des informations relatives aux intérêts économiques français.

Ces agissements ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête judiciaire le 13 mars 2025. Les investigations menées dans le cadre de cette affaire ont alors permis de la rapprocher d’une autre: des affiches à la gloire de la Russie ont été collées sur l’Arc de Triomphe début septembre par Vyacheslav P., un homme de nationalité russe, reconnu par vidéosurveillance. Les investigations téléphoniques ont établi que l’homme en avait rendu compte à Anna N.

Trois personnes écrouées, une quatrième sous contrôle judiciaire

Cette dernière, née en Russie, a finalement été mise en examen le 21 novembre des chefs de « complicité de dégradation de bien classé ou inscrit en réunion pour servir les intérêts d’une puissance étrangère », « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime », « exercice d’activité pour s’informer sur les intérêts de la Nation pour une puissance étrangère, et « intelligence avec une puissance étrangère ». Elle a été placée en détention provisoire.

Vyacheslav P., né la même année en Russie, a lui aussi été mis en examen le 20 novembre et placé en détention provisoire des chefs de « dégradation de bien classé ou inscrit en réunion pour servir les intérêts d’une puissance étrangère » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ».

Le troisième homme mis en examen et écroué est Vincent P., né en 1962 en Seine-Saint-Denis, soupçonné de « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes », « exercice d’activité pour s’informer sur les intérêts de la Nation pour une puissance étrangère » et « intelligence avec une puissance étrangère ».

Enfin, Bernard F, né en février 1967 à Paris, a été mis en examen des chefs « d’intelligence avec une puissance étrangère » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation de délits punis de 10 ans d’emprisonnement ». Il a été placé sous contrôle judiciaire avec notamment une obligation de pointage une fois par semaine, une interdiction de sortir du territoire national, ou encore une interdiction de se livrer à toute forme associative en lien direct ou indirect avec la politique internationale de la France, de la Russie ou l’aide aux personnes en raison du conflit armé russo-ukrainien.

Les possibles ingérences étrangères se multiplient

L’association SOS Donbass pour « Sud Ouest Solidarité Donbass », qui servait selon les soupçons de la DGSI de couverture à ces activités d’espionnage et de déstabilisation, avait été déclarée en septembre 2022 auprès de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.

Elle se présente comme une organisation d’aide humanitaire, qui organise des collectes de fonds pour des convois d’aide aux civils de cette région de l’Est de l’Ukraine déchirée par la guerre. Son site internet fournit également des affiches prêtes à imprimer avec le slogan « La Russie n’est pas mon ennemie ».

Les affaires de possible ingérence étrangère se sont multipliées ces derniers mois en France, depuis les mains rouges sur le Mur des Justes au Mémorial de la Shoah et des cercueils au pied de la tour Eiffel en 2024. Fin avril, le Mémorial de la Shoah avait été visé, ainsi que trois synagogues, par des jets de peinture. Trois Serbes avaient été mis en examen et écroués à Paris, suspectés d’avoir dégradé ces lieux « dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère », possiblement la Russie.

En septembre, des têtes de porc, animal considéré comme impur par l’islam, avaient été déposées devant des mosquées, à Paris et en région parisienne, « par des personnes de nationalité étrangère qui ont aussitôt quitté le territoire », selon le parquet. Le ministère public avait dénoncé « une volonté manifeste de provoquer le trouble au sein de la nation ».

En octobre, quatre hommes avaient par ailleurs été écroués, soupçonnés d’être impliqués dans un projet d’action à l’encontre d’un opposant russe réfugié politique en France.

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