Ordonné de fraîche date, le révérend Duplenticy est chargé par son évêque de se rendre dans un village insulaire dominé par le controversé Monseigneur Wicks. Dévote jusqu’à la soumission, la congrégation boit les prêches tout de bruits et de fureur de l’homme d’Église aux comportements par ailleurs discutables. Lorsqu’un meurtre est commis, il incombe au célèbre détective privé Benoit Blanc de découvrir la vérité, entre hasards providentiels et miracles allégués. Avec Wake Up Dead Man: A Knives Out Mystery (Wake Up Dead Man. Une histoire à couteaux tirés), Rian Johnson et Daniel Craig offrent un troisième volet aussi drôle qu’ingénieux de leur délicieuse série policière.

Scénariste, réalisateur et producteur de Knives Out (À couteaux tirés), Glass Onion: A Knives Out Mystery (Glass Onion. Une histoire à couteaux tirés), et maintenant de Wake Up Dead Man, Rian Johnson se surpasse. La complexité de l’intrigue qu’il a concoctée n’a d’égale que sa limpidité.

Non seulement tout fonctionne, des circonvolutions narratives au jeu complice de la distribution cinq étoiles en passant par la teneur souvent hilarante des dialogues, mais tout séduit l’œil et l’esprit.

Divertir et faire réfléchir

Visuellement d’abord, Johnson fait un usage raffiné du décor champêtre qui, idyllique au départ, devient graduellement sinistre à mesure que l’intrigue se fait plus macabre (tout en demeurant fort drôle). Sur ce plan, le directeur photo Steve Yedlin, avec qui le cinéaste collabore depuis son tout premier film, l’excellent néo-noir Brick, effectue son travail le plus inspiré.

Quant aux méninges, ceux-ci sont amplement sollicités, Johnson possédant un talent particulier pour divertir et faire réfléchir à égales mesures. Comme de coutume en effet, si l’on prend un plaisir immense à essayer (en vain) de devancer Benoit Blanc dans ses déductions, et que l’on s’esclaffe à maintes répliques expertement livrées, il reste que c’est le commentaire sociopolitique, une constante dans les Knives Out, qui stimule le plus.

Figure trumpienne en paroles et en gestes, le personnage de Monseigneur Wicks permet ainsi à Johnson de satiriser le gouvernement américain actuel tout en commentant la montée d’un certain conservatisme religieux empreint d’hypocrisie.

Le tout est parfaitement intégré à une trame si serrée qu’aucun fil ne dépasse.

Le meilleur des trois ?

Dans le rôle du brillant et énergique Benoit Blanc, Daniel Craig (Casino Royal ; Queer) donne une performance virtuose : un vrai bonheur que de le voir jouer. En idéaliste révérend Duplenticy, Josh O’Connor (Challengers ; The Mastermind / Le stratège) est merveilleux — et étonnamment émouvant, dans le contexte.

En grenouille de bénitier au regard qui tue, Glenn Close en impose également. Tout comme Josh Brolin, intimidant à souhait en Monseigneur Wicks.

Depuis la première du film au Festival international du film de Toronto, plusieurs ont affirmé que Wake Up Dead Man était le meilleur des trois Knives Out.

Ce n’est sans doute pas faux. Une chose est sûre, ce film-ci est au moins aussi réussi que les volets numéro un et numéro deux, qui étaient déjà fabuleux.