Par

Margot Nicodème

Publié le

26 nov. 2025 à 6h30

La jeune femme qui a comparu au tribunal correctionnel de Lille (Nord) le 24 novembre 2025 illustre ce qu’est une vie brisée. Elle a d’abord été victime de violences conjugales, puis la garde de ses trois enfants lui a été retirée. La spirale infernale s’est enclenchée : accro aux drogues dures, sans domicile fixe, elle survit grâce à l’argent issu de la prostitution et de larcins. C’est d’ailleurs pour un fait de vol, qu’elle a été jugée en comparution immédiate : elle a cru pouvoir subtiliser des articles pas vraiment discrets au centre Leclerc de Roubaix. Confrontée à la misère, elle a demandé à être envoyée en prison, synonyme pour elle de « sécurité ». 

« Dehors, je risque de mourir » : au tribunal, la voleuse demande à être incarcérée

Le jeudi 20 novembre 2025, peu avant 17h, les agents de sécurité du supermarché Leclerc de Roubaix prennent attache avec la police. Ils retiennent une femme de 37 ans, qui a tenté de voler une trottinette électrique à plus de 400 € et divers produits pharmaceutiques. À la barre, elle reconnaît les faits sans aucune difficulté, et explique même ses motivations. « C’est pour payer ma consommation de cocaïne et d’héroïne. » Un budget qui oscille « entre 60 et 100 € » par jour, précise-t-elle.

« Alors vous volez ? », lui demande le président. « Oui, tous les jours. Et je me prostitue. » La prévenue originaire de Dunkerque a un parcours de vie extrêmement chaotique. Victime de violences conjugales, elle perd la garde de ses trois jeunes enfants en 2021, aussitôt placés en famille d’accueil. Elle ne les a jamais revus depuis. À la rue, elle a pu un temps intégrer un foyer pour femmes SDF, avant d’en être exclue. « Je ne rentrais pas à l’heure, à cause de mes problèmes de consommation… »

Elle fait preuve d’une honnêteté touchante. « Ma vie a basculé quand on m’a pris mes enfants. Je n’arrive pas à m’en sortir. » C’est pourquoi elle implore le tribunal de l’envoyer en détention. « La prison, ça peut m’aider. Je serai en sécurité et pourrai faire mes démarches administratives. Dehors, je risque de mourir. »

Son avocat salue sa « lucidité sur sa situation ». Il voit aussi les bénéfices d’un « petit passage en détention », « au moins pour se sevrer ». 

Le tribunal suit les réquisitions du procureur, à savoir 8 mois de prison ferme pour la trentenaire. Le président lui adresse une dernière injonction : « Entamez bien les démarches en détention. »

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