TETIANA DZHAFAROVA / AFP
Dans les négociations sur l’accord de paix entre l’Ukraine et la Russie,
EN BREF • Les négociations pour la paix en Ukraine s’accélèrent avec, désormais, un plan américain en 22 points.
• Malgré des avancées saluées de part et d’autre, la question territoriale reste un obstacle majeur.
• Les discussions territoriales seront probablement menées directement entre Zelensky et Poutine, sans avancées significatives pour l’instant.
Tout semble s’accélérer dans les négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Après la présentation du plan de Donald Trump en 28 points aligné sur les positions russes, les discussions se sont poursuivies ces derniers jours à Genève entre Américains, Ukrainiens et Européens, avant une visioconférence de la « coalition des volontaires » – les principaux pays soutenant l’Ukraine – mardi 25 novembre pour amender cette feuille de route.
Pour Emmanuel Macron, il y a « enfin une chance de réaliser de vrais progrès vers une bonne paix », malgré l’absence « de volonté russe d’avoir un cessez-le-feu ». Moscou a salué ce mercredi 26 novembre des points « positifs » dans le plan américain.
Interrogé à la télévision publique russe, le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov n’a pas précisé s’il faisait référence à la version initiale du texte ou à celle amendée ces derniers jours. Mais il a jugé « inutiles » les efforts européens pour jouer un rôle dans la fin de la guerre.
Reconnaissance « de facto »
Si, d’après Donald Trump, de nombreux points ont été « résolus » dans la nouvelle version du plan qui en comprend désormais 22, l’épineuse question des frontières reste en suspens. Depuis le début du conflit, Volodymyr Zelensky est très ferme sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine, soulignant qu’elle figure dans la Constitution du pays.
C’est pour contourner ce problème que le plan américain prévoyait une reconnaissance « de facto » de la souveraineté russe sur cinq territoires ukrainiens – la Crimée, les oblasts de Donetsk et Lougansk mais aussi ceux de Kherson et Zaporijjia – y compris des secteurs qui ne sont pas occupés par l’armée de Vladimir Poutine à cette heure.
La question territoriale « est un processus long et compliqué », a commenté Donald Trump mardi 25 novembre dans l’avion présidentiel qui le ramenait à Mar-a-Lago pour Thanksgiving. Et pas seulement parce qu’« on ne peut pas avoir une frontière qui traverse une autoroute » ou « en plein centre-ville », comme il l’a souligné.
Niveau présidentiel
Tout indique que les questions territoriales seront « discutées à un niveau présidentiel », c’est-à-dire directement entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, selon une source proche des négociations interrogée par l’AFP.
Selon le Washington Post, les négociateurs ukrainiens ont certes « clairement indiqué aux responsables américains que l’Ukraine était disposée à entamer des discussions depuis sa position militaire actuelle et qu’elle ne souhaitait pas donner suite aux propositions russes d’échange de territoires ». Néanmoins, « Zelensky n’a autorisé personne d’autre que lui-même à discuter des questions territoriales, ce qui explique le peu de progrès réalisés concernant la proposition initiale », souligne le quotidien.
Sur la question territoriale, les Européens s’en remettent au président ukrainien. « Personne ne peut dire quelles sont les concessions territoriales que les Ukrainiens peuvent faire », a résumé Emmanuel Macron, mardi matin sur RTL. Une critique, en creux, de la proposition américaine.
Reste qu’une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, envisagée par l’Ukraine comme la dernière phase des négociations, est loin d’être à l’ordre du jour. À ce stade, la prochaine étape importante est prévue la semaine prochaine, avec la visite à Moscou de l’émissaire américain Steve Witkoff, possiblement accompagné du gendre de Trump Jared Kushner, qui a notamment été impliqué dans le fragile accord de cessez-le-feu à Gaza. Witkoff « sera sûrement reçu » par Vladimir Poutine pour lui présenter le plan de paix, a fait savoir le conseiller diplomatique du Kremlin.