En plein conflit avec les médecins à la suite de l’adoption sous bâillon de la loi spéciale sur la rémunération des médecins, le premier ministre du Québec, François Legault, s’est entretenu avec le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot, mardi. Dans une courte publication sur ses réseaux sociaux, M. Legault a qualifié la discussion de « constructive ».

De son côté, la FMOQ affirme que « la rencontre a permis d’échanger sur des voies de passage possibles pour sortir de l’impasse actuelle ». « La FMOQ a réitéré l’urgence d’agir pour stabiliser la situation sur le terrain, alors que des médecins annoncent leur départ et que des patients perdent leur accès à des soins essentiels », précise une publication sur ses réseaux sociaux.

Communément appelée « loi 2 », la pièce législative vient changer le mode de rémunération des médecins, leur impose des cibles de performance et les menace de sanctions s’ils se désengagent. Sous peine de lourdes pénalités, la loi interdit ainsi aux médecins de faire des « actions concertées » qui pourraient nuire à l’accès aux soins et à la formation. Par exemple, des médecins qui décideraient ensemble de quitter le réseau pourraient recevoir des amendes ou des mesures disciplinaires.

Depuis l’adoption de la loi sur la rémunération des médecins, plusieurs de ces professionnels ont plié bagage pour aller exercer la médecine hors du Québec, notamment en Ontario. Dans la foulée, des groupes de médecine de famille (GMF) ont aussi annoncé leur fermeture.

Les fédérations médicales, dont la FMOQ, demandent la suspension de la « loi 2 », ce que Québec continue de refuser. « La Fédération demeure disponible pour poursuivre les échanges dans l’espoir de relancer les négociations », soutient la FMOQ.

« Enfin », dit le PQ

Réagissant à la rencontre mercredi, la députée péquiste Catherine Gentilcore a déclaré qu’« enfin, il semble y avoir un rapprochement ». « Il y a toutes sortes de choses dans ce projet de loi-là sur lesquelles on devait travailler. Puis on a appelé les parties à rapidement s’asseoir ensemble pour en discuter », a-t-elle affirmé.

De son côté, le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, a réitéré que le gouvernement était toujours « très impliqué » dans la négociation. « On a toujours prévu qu’il fallait garder un canal de communication. De voir que c’est en train d’arriver, moi je peux juste être heureux. »

Le 13 novembre dernier, M. Dubé, s’est engagé à ne pas appliquer les mesures de surveillance et de dénonciation inscrites dans sa loi spéciale, sans toutefois modifier cette dernière pour enlever les articles qui les mentionnent. Un « geste de rapprochement » qui n’a pas convaincu les médecins : la Fédération des médecins spécialistes du Québec a réitéré sa demande de suspendre la « loi 2 ».

Pour sa part, la FMOQ avait affirmé ne plus vouloir négocier avec M. Dubé, en soutenant que « le lien de confiance est brisé ». Questionné mercredi à savoir s’il était personnellement impliqué dans les discussions, le ministre a soutenu que le mandat au gouvernement est clair : « Il y a un négociateur, c’est le [Conseil du] trésor. Ça a toujours été comme ça. »

La semaine dernière, la FMOQ a déposé devant les tribunaux une demande de sursis et un pourvoi de contrôle judiciaire pour tenter de contester la « loi 2 ».