Un vrai plus pour la visibilité et la sécurité des piétons, mais une difficulté supplémentaire pour les automobilistes peinant déjà à trouver de l’espace pour se garer en centre-ville. Une incitation au développement des mobilités douces, mais un nouveau casse-tête pour plusieurs élus locaux. D’ici à fin 2026, les maires en fonction, comme celles et ceux qui pourraient leur succéder fin mars, devront avoir supprimé les places de stationnement sur cinq mètres en amont des passages protégés. Adieu les véhicules imposants et autres camionnettes bouchant la vue à proximité de ces « aires cloutées ».
Un vaste chantier en perspective, mais certaines communes ont déjà pris de l’avance lors de travaux programmés de réaménagement de quartiers ou de réfection des chaussées. Pour les autres emplacements concernés, la mise en conformité se fera au fil de l’eau, dans les temps impartis. Au total, Paris devrait perdre 22 000 aires de stationnement. Lille (Nord) en supprimera 4 500. Lyon (Rhône), un peu plus de 3 000. Bordeaux (Gironde), un millier…
À Rennes (Ille-et-Vilaine), sur les 4 399 passages piétons recensés, environ 520 ont été jugés non conformes. À ce jour, précise la mairie, « près de 60 % ont déjà été sécurisés ». À Nantes (Loire-Atlantique), 2 000 traversées piétonnes sont concernées.
En lieu et place de ces stationnements libérés, les municipalités peuvent aménager de la verdure, poser des pavés, positionner des bancs, installer des arceaux pour y accrocher vélos et trottinettes… Le tout à leurs frais. Seul impératif : rien de massif, pas de grands arbres susceptibles de boucher la vue des automobilistes et des personnes à pied. Cela supprimerait l’intérêt de la réforme, imposée par la loi d’orientation des mobilités (Lom) de décembre 2019.
450 tués par an
« Il s’agit d’un aménagement essentiel pour une meilleure cohabitation entre piétons et automobilistes. Tout le monde y gagne en visibilité. Lorsqu’un véhicule stationne juste avant un passage protégé, il crée un angle mort. Les piétons doivent donc s’avancer sur la chaussée pour vérifier qu’aucune voiture n’arrive. Même chose pour les conducteurs qui ne peuvent pas apercevoir les personnes s’apprêtant à traverser, » note Sophy Sainten, déléguée générale de la Prévention routière. En 2024, 456 piétons ont perdu la vie en France, dont les trois quarts en ville et une centaine sur un passage piéton.
« Comme toujours, on va s’adapter, réagit, avec philosophie, un maire morbihannais devant gérer 140 km de routes communales et 300 km de trottoirs. Nous n’avons pas anticipé cette mesure faute d’annonces en amont. Cela dit, lors des travaux de voirie, nous sécurisons déjà les déplacements piétonniers en posant des plateaux surélevés ». Un autre élu, à la tête d’une ville de 43 000 habitants, râle un peu face au chantier qui l’attend. « Typiquement, c’est le genre d’aménagements que les maires auraient pu faire au cas par cas, au regard de la dangerosité de tel ou tel passage piéton. Cela illustre le problème des normes imposées d’un seul coup », peste-t-il.