Une sortie facile de l’A10, un pont Eiffel qui la relie à Cubzac-les-Ponts de l’autre côté de la Garonne, une connexion aisée avec Ambarès : le territoire a des atouts historiques d’accessibilité… figurant d’ailleurs dans le top des itinéraires bis en cas d’embouteillages au nord-est de Bordeaux.

C’est ainsi que dans la politique de densification démographique de son territoire, Bordeaux Métropole réfléchit avec les élus locaux depuis 2014 à un plan-guide et un projet urbain qui prennent forme aujourd’hui. « Il s’agissait de se développer en accueillant de nouvelles populations et d’accompagner cette croissance avec des infrastructures adaptées », explique Max Colès, maire de Saint-Vincent depuis 2014, élu depuis vingt-cinq ans.

Le maire Max Colès, son premier adjoint Bernard Abdallah et Mathieu Bernard, chef du projet urbain à Bordeaux Métropole.
Y.D.
Des infrastructures publiques
C’est d’abord un travail de réhabilitation de l’avenue Gustave-Eiffel (ex-N10) qui relie la commune à Ambarès, avec enfouissement des réseaux et dégagement récent d’une voie verte. C’est aussi l’agrandissement de l’école communale : trois classes supplémentaires livrées à la rentrée 2019.
Le premier programme immobilier voit le jour à la place de l’ancien magasin Gifi avec 32 maisons individuelles sous la houlette de LP Promotion. « La majoration de la taxe d’aménagement à 15 % a permis de réaliser une grande partie de ces équipements publics », explique Mathieu Bernard, chef du projet à Bordeaux Métropole. Une taxe dont s’acquittent les promoteurs dans un premier temps, mais qu’il convient de calibrer finement pour que cela ne se répercute pas trop au final sur l’acheteur ou le locataire des logements.

Une résidence intergénérationnelle de 35 logements signée Éneal verra ses premiers emménagements en 2026.
Y.D.
Logements sociaux et libres
Les autres chantiers ont fleuri ces deux dernières années : 17 maisons individuelles Domofrance sont livrées et habitées avenue Mozart, de l’autre côté de laquelle une résidence intergénérationnelle Éneal de 35 logements sera disponible au début de l’année 2026. Voisine, une crèche de cinq berceaux est ouverte depuis trois ans. Au carrefour de la rue Savariaud et de l’avenue Eiffel, 33 appartements en accession à la propriété portés par Ideal groupe sont habités depuis près de deux ans.

L’historique bar-restaurant Chez Anatole attend une renaissance.
Y. D.

L’entrée de l’avenue Eiffel en octobre : 160 logements la borderont d’ici deux ans. Les pelleteuses des divers chantiers seront en activité encore jusqu’en 2027 pour plus de 200 logements nouveaux à terme.
Y. D.
Derrière ce premier îlot et sur une parcelle où était installée l’historique station-service, Ideal groupe, après dépollution du terrain et début de chantier, a cédé son deuxième projet à son homologue Icade fin 2024. Ce dernier y fait pousser 56 appartements du T1 au T4 en R + 2 + attique et en deux bâtiments : 26 en accession (bail réel solidaire via une filiale de Domofrance) et 30 à prix libres. « Arbres conservés et plantation de 25 autres », souligne-t-on chez Icade. Les pierres de la mythique et désaffectée brasserie (et jadis très disputée) Chez Anatole, juste à côté, ont évité la démolition grâce à la mobilisation des habitants : Ideal groupe et un investisseur local réfléchissent sur ces 2 000 m² au retour d’un restaurant, mais aussi d’un cabinet médical et quelques logements.
« Le dynamisme économique et commercial de la commune, déjà établi, devrait encore se renforcer »
Circulation à gérer
De l’autre côté de l’avenue Eiffel, deux autres chantiers encore. Sur 3 500 m², Nexity construit une quarantaine de logements en accession libre, du T1 au T3, en deux bâtiments qui seront livrés selon Martin Lainé, chef de projet chez le promoteur, « au deuxième trimestre 2027 ». Au plus près du rond-point, Domofrance annonce sur son panneau de chantier 21 logements sociaux et un commerce. « Parallèlement, nous avons réaménagé le bord de l’étang, accueilli une aire de covoiturage », ajoute Bernard Abdallah, premier adjoint au maire. « Le dynamisme économique et commercial de la commune, déjà établi, devrait encore se renforcer. »
Les habitants sont forcément partagés, après des décennies villageoises au bord du fleuve. « La population va presque doubler », s’inquiète Marion, dont la famille est présente ici depuis trois générations. « La circulation va augmenter, ses nuisances aussi. » « On se doutait bien qu’avec l’arrivée d’Hermès, le visage de la commune allait changer un peu », analyse Bertrand Pègue, habitant d’une commune voisine mais habitué de Saint-Vincent. « C’est une bonne chose pour la presqu’île, mais il faut que les infrastructures et les transports en commun suivent. »

Le site Hermès a installé une maroquinerie aux 250 artisans en 2021 à Saint-Vincent-de-Paul.
Y. D.
Le bus express longtemps espéré sur la presqu’île d’Ambès, ne dépassera pas Ambarès, et c’est une déception pour les autres maires. Maintenant qu’un autre adage local, « on ne passe pas sur la presqu’île, on y va », va se vérifier de plus en plus, pour Saint-Vincent-de-Paul, et son centre-bourg dopé, la question de la seule ligne 31 ou presque se posera forcément.