Le pied de Burtele avec ses éléments en position anatomique. YOHANNES HAILE-SELASSIE
En paléontologie humaine, le pied isolé ne fait pas l’espèce. Les chercheurs préfèrent s’appuyer sur des restes crâniens et dentaires pour définir celle-ci à partir d’éléments distinctifs. C’est pourquoi le « pied de Burtele », découvert en 2009 dans cette localité de la région de l’Afar, en Ethiopie, et vieux de 3,4 millions d’années, était jusqu’ici resté orphelin. Même si Yohannes Haile-Selassie (Institut sur les origines humaines, Tempe, université de l’Arizona) et ses collègues avaient ensuite découvert quasiment au même endroit, en 2011, des dents et des fragments de mâchoire qui les avaient conduits à proposer en 2015 une nouvelle espèce, baptisée « Australopithecus deyiremeda ».
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Comme ils l’expliquent dans Nature du 27 novembre, de nouvelles fouilles et quelques fossiles supplémentaires (fragments d’os pelvien, crânien et de mâchoire) les conduisent aujourd’hui à attribuer ce fameux pied inconnu à Au. deyiremeda. « Nous estimons que c’est l’hypothèse la plus sûre en l’absence d’autres hominines à Burtele », écrivent-ils. Ce rattachement, par ricochet, pourrait remettre en question le statut d’une célèbre australopithèque, Lucy (Au. afarensis), découverte en 1974 à quelques dizaines de kilomètres de Burtele. Considérée dans le monde anglo-saxon comme notre ancêtre, elle pourrait se voir délogée de notre branche sur l’arbre évolutif des hominines par l’arrivée de deyiremeda, estiment certains paléoanthropologues. Pour rappel, beaucoup estimaient déjà en France, à l’image d’Yves Coppens, que Lucy était notre arrière-grand-tante plutôt que notre aïeule directe.
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