• Le « resto-basket » consiste à partir d’un restaurant sans avoir réglé l’addition.
  • Une pratique de plus en plus répandue, mais rarement sanctionnée.
  • Les principaux intéressés en témoignent dans ce reportage du 20H de TF1.

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Le 20H

Au regard du droit, le « resto-basket », consistant à quitter un restaurant sans avoir payé sa consommation, n’est pas un vol mais un « délit de filouterie ». Malgré cette dénomination pouvant prêter à sourire, il expose légalement les auteurs d’une telle infraction à six mois de prison et 7.500 euros d’amende, sans compter les éventuels dommages et intérêts à verser à chaque victime. Sauf qu’en pratique, les restaurateurs renoncent souvent à déposer plainte. Pourquoi cela ? « Parce qu’il y a une forme de découragement. Ils n’y croient plus parce que, majoritairement, les voleurs ne sont pas condamnés par la justice. Donc il faut plus de lois, plus fermes, plus sévères, plus appliquées. Il faut qu’on fasse peur aux auteurs de ce type de pratiques », répond à TF1, dans le reportage du 13H visible en tête de cet article, le président de l’association Ras le vol, Jérôme Jean.

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« Pour être condamné, l’auteur du délit doit avoir utilisé le service d’un professionnel, savoir qu’il est incapable de payer ou être délibérément décidé à ne pas payer ce service et être de mauvaise foi, c’est-à-dire n’avoir jamais eu l’intention de payer », précise l’article 313-5 du Code pénal, énumérant ainsi les très (trop ?) nombreux critères juridiques préalables à toute poursuite pour « délit de filouterie ». Prétexter un simple oubli, en l’absence de preuves concrètes, peut donc suffire à s’en tirer à très (trop) bon compte. Ce qui explique à la fois la résignation des victimes et le sentiment d’impunité des « filous ».

Un phénomène qui s’exporte

Il y a quelques semaines, le restaurant Babe & Britney, à Lille (Nord), a vu s’envoler 749 euros d’addition d’un seul coup. Une famille de 15 personnes, réunies autour d’une même table pour fêter un anniversaire, est parvenue à s’éclipser, ni vue, ni connue, après avoir mangé entrées, plats, desserts et dégusté les meilleurs vins de la carte, grâce à une technique aussi simple qu’efficace. « En fait, on a deux sorties différentes. Ce qui fait qu’au départ, tu avais des femmes avec leurs poussettes qui partaient par la porte principale, puis les derniers qui passaient par l’accès à la terrasse, comme s’ils allaient encore fumer leurs clopes », dévoile la responsable, Annabelle Ghesquiere, prise de court alors que le restaurant était rempli.

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Les images de vidéosurveillance d’un autre restaurant montrent une méthode fonctionnant, elle, en solitaire : on y voit un homme franchir nonchalamment la porte de l’établissement, faire semblant de passer un coup de téléphone, vérifier du regard que personne ne le voit puis quitter la terrasse en marchant, son portable à l’oreille. « Nous, on est là pour leur faire passer un bon moment, on ne peut pas être vigiles. On ne peut pas constamment surveiller chaque table, c’est une perte de temps et on n’est pas réellement payé pour ça. On doit surveiller mais l’idée, ce n’est pas d’être des flics tout le temps, d’être méfiant et de regarder les clients comme s’ils allaient potentiellement partir sans payer », se défend Annabelle Ghesquiere.

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Un café voisin a, lui, vu une table de quatre personnes se volatiliser le mois dernier, pour un manque à gagner de 90 euros. Énième manifestation d’un phénomène qui se répand, du reste, bien au-delà de nos frontières. Fin août 2025, deux touristes françaises en vacances en Italie avaient défrayé la chronique en quittant une pizzeria sans payer, avant que la police locale les retrouve grâce à l’appel à témoins lancée par la restauratrice flouée et à l’aide de plusieurs dizaines d’habitants. Mais c’est encore outre-Manche que l’on peut sans doute mieux prendre la mesure de l’ampleur prise par cette pratique. Les réseaux sociaux britanniques ont en effet rendu virales des images de vidéosurveillance montrant une même famille de huit personnes enchaîner les « resto-baskets » dans une dizaine d’établissements différents au Pays de Galles. 

Hamza HIZZIR | Reportage TF1 : Zack AJILI, Max RAGAZZI