Et dire que tout cela est parti d’un simple sandwich jambon-gruyère que Steve Witkoff aurait payé, au siècle dernier, à un Donald Trump errant tard le soir et sans cash dans une rue de Manhattan ! C’est ce sandwich qui aurait scellé entre ces deux futurs milliardaires une amitié nourrie d’intérêts financiers. Quand, des décennies plus tard, Trump deviendra une nouvelle fois président des Etats-Unis, il fera de Witkoff son conseiller spécial pour les dossiers les plus chauds du moment, Gaza et l’Ukraine. Le contenu de la conversation révélée mardi 25 novembre par Bloomberg entre Steve Witkoff et le conseiller de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, sur la meilleure façon de vendre à Trump un soi-disant plan de paix élaboré en majeure partie par Moscou n’est pas vraiment une surprise. On connaissait la proximité des présidents américain et russe depuis cette fameuse journée d’août 2025 qui avait vu le premier applaudir son homologue russe à sa descente de l’avion lors de leur rencontre d’Anchorage. On a compris que, pour Washington, les intérêts de Moscou l’emportent sur ceux de Kyiv.

Non, ce qui est intéressant dans l’échange entre Witkoff et Ouchakov, c’est la façon très infantilisante avec laquelle l’Américain parle de Trump, conseillant au Russe de le flatter, comme l’on s’extasie devant la bonne note reçue par un enfant au retour de l’école. Comme si Trump n’était qu’un jouet dans toute cette histoire. Witkoff n’a aucune expérience diplomatique, c’est un homme d’affaires qui a fait fortune dans l’immobilier et qui se targue de parler cash, capable de faire feu de tout bois pour conclure un deal. L’autre intérêt de cet échange, c’est cette question qui agite la planète depuis mardi : qui l’a fait fuiter ? Un autre conseiller de Trump agacé par la place prise par Witkoff ? Un service de renseignement américain ou européen effaré par la façon dont les Américains abandonnent l’Ukraine aux Russes ? Voire les Russes, pour ajouter toujours plus de chaos au chaos ? En tout cas, cela devrait montrer aux Européens, s’il en était encore besoin, à quel point le jeu de la diplomatie a changé. A quel point il est urgent de se regrouper et de parler bien plus fort.