Et si, pour aider à garder la ligne, il suffisait d’ajuster la
température de la chambre avant de se glisser sous la couette ?
Alors que l’on parle beaucoup de bains glacés spectaculaires et de
cabines de cryothérapie futuristes, des travaux scientifiques
s’intéressent à un froid bien plus discret : celui de nos
nuits.
Car derrière l’expression maigrir par le froid,
il n’y a pas seulement la cryolipolyse ou la cryothérapie en
institut. Des chercheurs ont montré qu’en dormant dans une
chambre à 19 °C, le corps active un type de
graisse particulier qui brûle davantage de calories au repos,
tandis qu’une chambre surchauffée ferait l’effet inverse. De quoi
se demander si le véritable allié minceur ne serait pas simplement
le thermostat de la maison.
Maigrir par le froid en dormant : ce que change une chambre à
19 °C
Dans un article relayé par des chercheurs, l’idée est très
concrète : avant de vous coucher, baisser le thermostat de la
chambre à 19 °C pendant un mois augmente de 30 à 40 % la quantité
de graisse brune produite par l’organisme, alors
qu’un environnement surchauffé au delà de 22 °C la réduit
nettement. Autrement dit, quelques degrés en moins la nuit
suffisent à orienter le corps vers un profil métabolique qui
dépense un peu plus d’énergie au repos, sans rien changer à
l’alimentation.
La graisse brune est pourtant celle que l’on ne cherche
justement pas à perdre. Ce tissu adipeux se situe dans le cou, au
dessus des clavicules, près de la colonne vertébrale et du cœur, et
il doit sa couleur à une forte concentration en mitochondries.
« Dans la graisse brune, ces mitochondries ont aussi la capacité de
produire directement de la chaleur en réponse à un environnement
froid », a expliqué Denis Richard, directeur du Centre de recherche
de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de
Québec et chercheur à l’Université Laval, au magazine Québec
Science. « On la retrouve d’ailleurs en abondance chez les petits
mammifères acclimatés au froid ou encore parmi ceux qui hibernent »,
a aussi rappelé Denis Richard. Chez l’être humain, cette graisse
brune est relativement abondante chez les nouveau nés, puis elle
diminue beaucoup, mais les jeunes adultes minces en gardent
davantage que les personnes obèses.
Graisse brune et frissons : comment le froid fait brûler des
calories
Pour mesurer concrètement l’effet du froid et perte de
poids, Denis Richard et ses collègues ont fait porter à un
groupe d’hommes une combinaison parcourue de tubulures dans
lesquelles circulait de l’eau refroidie à 18 °C. En abaissant la
température cutanée de 3,8 °C pendant trois heures, sans déclencher
de frissons, ils ont observé une hausse de la dépense énergétique
de 250 kilocalories, soit l’équivalent de ce que l’on ingère avec
une barre chocolatée. « On est ainsi capable d’activer la graisse
brune qui brûle les sucres et les lipides du corps », a détaillé le
chercheur, ce qui ouvre la voie à une utilisation du froid comme
petit levier de perte de poids sur le long terme.
Les travaux d’André Carpentier ont confirmé en 2016 le rôle clé
de cette graisse brune pour aider l’organisme à affronter le froid.
Autre élément important, plusieurs équipes ont montré que la
graisse blanche, celle dont on cherche souvent à se débarrasser,
peut se transformer en graisse brune sous l’effet de l’irisine, une
hormone produite par les muscles quand on fait de l’exercice mais
aussi lorsque l’on frissonne, comme l’explique l’endocrinologue
australien Paul Lee. Cette convergence de données pousse des
chercheurs à imaginer un « médicament » contre l’obésité qui
activerait durablement la graisse brune sans imposer l’inconfort du
froid. En attendant, Denis Richard rappelle que le froid ne
constitue pas un remède miracle, car la perte énergétique reste
modérée et le corps peut se défendre en stimulant l’appétit, d’où
l’intérêt de considérer cette exposition douce au froid comme un
simple coup de pouce, par exemple en chauffant un peu moins sa
maison.
Cryothérapie, cryolipolyse ou simple chambre fraîche : quelles
options pour maigrir par le froid
Dans les instituts, la promesse de maigrir par le
froid passe surtout par deux techniques professionnelles.
La cryolipolyse utilise un dispositif médical muni
d’une ventouse ou d’un applicateur qui emprisonne un bourrelet d’au
moins 2 à 3 centimètres de large et l’expose à une température très
basse, jusqu’à moins 11 °C. Sensibles au froid, les cellules
graisseuses ciblées se cristallisent puis meurent, avant d’être
éliminées progressivement par l’organisme. Chaque séance dure
environ une heure, et il faut en moyenne 3 à 5 séances pour voir un
résultat sur les bourrelets localisés comme le ventre, le double
menton ou la culotte de cheval. Les données mises en avant
indiquent une réduction de 20 à 40 % de la masse de tissu adipeux,
avec 30 à 40 % de cellules graisseuses éliminées sur la zone, pour
un coût global qui tourne autour de 300 à 1000 € selon la surface à
traiter.
La cryothérapie corps entier adopte une
approche plus globale. Le patient entre dans une capsule où son
corps, sauf la tête, est exposé durant 180 secondes à une
température comprise entre moins 110 °C et moins 140 °C, parfois
plus, les extrémités étant protégées. Cette exposition déclenche
une forte thermorégulation : le corps dépense de l’énergie pour
maintenir ses 37 °C internes, ce qui permettrait de brûler entre
500 et 800 calories par séance. Initialement proposée pour soulager
les douleurs musculaires, améliorer la circulation et le bien être
général, la cryothérapie peut aussi aider à atténuer la cellulite
adipeuse après 5 à 7 séances.
Combien ça coûte ?
Selon des experts, ces deux techniques ne font toutefois pas
perdre du poids à proprement parler, elles servent surtout à
sculpter la silhouette et à lisser la peau, en complément d’un
programme alimentaire et d’activité physique, avec des séances de
cryothérapie facturées environ 30 à 50 € chacune, soit autour de
200 € pour un protocole complet :
- Les méthodes en institut misent sur un froid très intense,
local ou général, avec un coût de plusieurs centaines d’euros et un
effet surtout esthétique sur des zones ciblées. - La chambre à 19 °C repose sur une exposition douce et continue,
gratuite, qui stimule la graisse brune et la thermorégulation sans
viser des amas graisseux précis. - Dans les deux cas, le froid reste un appoint, car la
thermorégulation ne représente qu’environ 5 % de la dépense
énergétique de l’organisme et ne remplace ni l’alimentation
équilibrée ni l’activité physique.
Au quotidien, il est possible de profiter du froid sans passer
par ces cabines. Un expert conseille par exemple de ne pas craindre
l’eau fraîche en prenant un bain ou une douche froide pour stimuler
l’organisme, ou de profiter des baignades en piscine, au lac ou à
la mer. En hiver, l’idée est de laisser la fenêtre légèrement
ouverte ou de garder la chambre à basse température, 19 °C maximum,
et de sortir sans trop se couvrir, à condition de rester à l’aise
et de s’habiller suffisamment pour ne pas tomber malade. Pour les
personnes très frileuses, cette exposition doit rester progressive,
en diminuant le chauffage par paliers et en adaptant les vêtements
de nuit.
La nutritionniste diététicienne Alexandra Murcier rappelle que
nous dépensons un peu plus de calories en période hivernale, ce qui
rejoint l’idée que le froid ambiant peut aider à brûler davantage
d’énergie. Mais même en combinant chambre fraîche, douches froides
et sorties dans l’air vif, l’impact reste modéré, puisque la
thermorégulation mobilise seulement environ 5 % de la dépense
énergétique totale. Régler sa chambre autour de 19 °C s’inscrit
donc comme un petit geste malin pour activer la graisse brune et
soutenir la perte de poids, à intégrer dans un ensemble plus large
qui comprend alimentation adaptée, sommeil de qualité et activité
physique régulière, en tenant compte de sa tolérance personnelle au
froid et de l’avis de son médecin en cas de problème de santé
particulier.