Avec notre correspondante à Tunis, Lilia Blaise

Un communiqué officiel publié à l’aube, mercredi 26 novembre sur la page Facebook de la présidence, témoigne de cette entrevue. Lapidaire, le texte explique, photo à l’appui, que Kaïs Saïed a reçu au palais présidentiel l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) Giuseppe Perrone pour lui rappeler les règles diplomatiques. Un rappel directement lié à l’entretien de la veille entre l’ambassadeur européen et la centrale syndicale UGTT.

Aucune autre précision n’a été donnée dans le communiqué présidentiel, qui intervient dans un contexte tendu, où le dialogue est inexistant entre la société civile et le gouvernement.

Autre élément d’explication : la convocation présidentielle coïncide aussi avec une session plénière au Parlement européen, prévue jeudi 27 novembre, sur le cas de Sonia Dahmani. Cette avocate et chroniqueuse, emprisonnée depuis mai 2024 en Tunisie, a été condamnée à plusieurs peines de prison dans le cadre de différentes affaires portant sur ses déclarations critiques du pouvoir. Elle totalise quatre ans et deux mois d’emprisonnement, et sa détention a été dénoncée à maintes reprises comme arbitraire par les défenseurs des droits humains.

Lors d’un point presse tenu mercredi 26 novembre, l’UE a répondu à la convocation de la présidence. « L’Union européenne prend note des messages transmis par le président Kaïs Saïed », a déclaré Anouar El Anouni, porte-parole pour les Affaires étrangères. Il a ajouté qu’il est courant que les diplomates, du fait de leurs fonctions, dialoguent avec un certain nombre d’interlocuteurs dans leur pays d’accueil, notamment les contacts avec les organisations de la société civile qui peuvent « grandement contribuer à renforcer la coopération bilatérale et la qualité du dialogue ».

L’ambassadeur européen a rencontré le leader de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) en tant qu’acteur du quartet de la société civile qui avait remporté le prix Nobel de la paix en 2015 pour sa participation à une sortie de crise politique et à l’implémentation d’une démocratie pluraliste.

Le secrétaire général de la centrale n’a pas réagi à la convocation présidentielle de son interlocuteur, mais a publié un communiqué où il indique avoir rencontré deux autres acteurs de la société civile : le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Boubaker Ben Thabet, et le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Bassem Trifi.

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