Il a raccroché son vélo en septembre au soir du Tour de Grande-Bretagne, après une dernière étape chez lui, à Cardiff, mais Geraint Thomas nous confiait cette semaine qu’« au bout de deux jours à la maison, (il) s’ennuyait déjà ». Cela tombe bien, l’idée d’occuper un nouveau rôle chez Ineos était dans les tuyaux et la formation britannique a officialisé ce jeudi sa position de « directeur course » (director of racing selon la terminologie anglaise). Un statut qui doit permettre au Gallois de graviter autour de Dave Brailsford, qui reprend les manettes de la structure après ses missions pour la maison mère Ineos dans le football, à Nice et Manchester United, de John Allert, le manager général, et Scott Drawer, le directeur de la performance.

« Avec Dave qui revient, évidemment on est super motivés, s’enthousiasme Thomas. L’équipe a de grands objectifs et de les aider à revenir au sommet, c’est ça qui m’excite. Je pourrais ne rien faire maintenant, aller à Antibes (il vit à Monaco), profiter de la plage, de la vie, emmener Macs (son fils) à l’école, mais j’ai besoin d’être challengé, d’avoir cette excitation, de me lever le matin en me disant « putain, c’est dur, on doit continuer à pousser, faire des efforts ». C’est ce que j’ai toujours été, depuis les juniors, à vouloir gagner les Mondiaux, toutes ces courses. »

« Je suis trop vieux, mais aider les gars (…), prendre part à ce voyage avec eux, ça m’excite »

Concrètement, le vainqueur du Tour de France 2018 estime que ses nouvelles fonctions consisteront au départ « à apprendre de Dave » et à « assimiler tout un tas de choses » qui n’appartenaient pas à son monde de coureur cycliste, des domaines périphériques comme les négociations commerciales par exemple. Il estime qu’il gardera un oeil sur les calendriers des coureurs, sur le recrutement, en collaboration avec les directeurs sportifs et les entraîneurs, pour « apporter un angle différent, d’autres perspectives de temps à autre ».

Mais le coeur de son rôle concernera les coureurs. « Je voulais rester dans le sport et impliqué dans la haute performance, c’est la clé pour moi, détaille-t-il. Parce que je ne peux plus le faire maintenant, je suis trop vieux (39 ans), mais aider les gars, comme Pippo (Ganna), pour San Remo ou les classiques peut-être, juste prendre part à ça, à ce voyage avec eux, ça m’excite. J’ai beaucoup d’expérience, de connaissance des courses, de viser un grand objectif, comment tu découpes ça en phases, l’état d’esprit, donc mon rôle sera de travailler avec les coureurs, de partager tout ça, parce qu’après près de vingt ans de compétition (il a passé dix-neuf saisons chez les pros), la plupart des choses qu’ils vont traverser, je les ai connues à un certain moment, ou alors j’ai vu quelqu’un qui était au même point. »

Vauquelin, « un immense talent » à développer

Geraint Thomas prolonge ainsi une aventure avec l’équipe fondée par Dave Brailsford qui dure depuis sa création, en 2010, sous le nom de Sky à l’époque. Le Gallois aura un petit troupeau français à chouchouter, puisque Axel Laurance est rejoint cet hiver par deux compatriotes, Dorian Godon et Kévin Vauquelin. Le Normand sera un cas d’étude intéressant pour le nouveau manager, puisqu’il partage avec lui des aptitudes contre la montre et pour les classements généraux.

« Je ne le connais pas encore trop bien, mais c’est super excitant de l’avoir avec nous, c’est un immense talent, apprécie Thomas. J’ai vraiment envie de l’aider à optimiser son potentiel, même si quand tu es un bon coureur français, il y a toujours des attentes, de la pression, donc j’ai aussi envie de l’aider à gérer ça. Il a eu une blessure à la fin de la saison dernière (fracture d’une fibula dans un accident domestique), donc ce serait mauvais d’assumer qu’il va juste reprendre au niveau où il était dans le Tour de France. Il faut passer un peu de temps avec lui, arriver dans une nouvelle équipe c’est aussi un grand changement, d’Arkéa à ici, dans une équipe britannique avec une autre culture, une autre taille, c’est un défi. » Les deux hommes pourront commencer à bâtir ensemble à partir de la semaine prochaine, où les Ineos se retrouvent pour un premier stage, à Denia, en Espagne. Et où Geraint Thomas entamera sa nouvelle vie.