Le directeur du FBI, Kash Patel, s’exprime lors d’une conférence de presse au sujet de la fusillade dans laquelle deux membres de la garde nationale ont été grièvement blessés, à Washington, le 27 novembre 2025. NATHAN HOWARD / REUTERS
Le directeur du FBI, Kash Patel, a annoncé, jeudi 27 novembre, que la police fédérale américaine menait une enquête pour terrorisme après que deux militaires de la garde nationale ont été grièvement blessés par des tirs, la veille, à Washington, dans une attaque qualifiée d’« embuscade » par les autorités. « Il s’agit d’une enquête en cours pour acte de terrorisme », a déclaré Kash Patel lors d’une conférence de presse.
Deux militaires de la garde nationale ont été blessés par balles, mercredi, dans la capitale américaine, à deux pas de la Maison Blanche, par un ressortissant afghan, arrivé sur le sol américain en 2021 – soit moins d’un mois après le retrait américain d’Afghanistan et la prise de pouvoir des talibans – dans le cadre d’un programme d’accueil des Afghans ayant collaboré avec les forces américaines, a expliqué la procureure fédérale pour la ville de Washington, Jeanine Pirro.
Agés de 20 et 24 ans, ils se trouvent toujours jeudi dans un état critique, a précisé la procureure de Washington pendant la conférence de presse. Lors de cette attaque « ciblée », « un tireur isolé a ouvert le feu sans provocation, comme dans une embuscade », a-t-elle détaillé, précisant que l’assaillant était armé d’un revolver Smith & Wesson.
Membre d’une unité d’élite contre le terrorisme
Il a tiré sur les deux militaires avant d’être « maîtrisé » et « neutralisé » par d’autres gardes nationaux. Identifié comme Rahmanullah Lakanwal, cet Afghan de 29 ans a été transporté dans un hôpital local « où il se trouve toujours à l’heure qu’il est, sous haute surveillance », a ajouté Mme Pirro.
Le suspect vivait à l’autre bout du pays, dans l’Etat de Washington (Nord-Ouest), avec sa femme et ses cinq enfants. Il a traversé tous les Etats-Unis en voiture pour se rendre dans la capitale américaine, selon la procureure, avant de tirer sur les soldats de la garde nationale avec un revolver Smith & Wesson. A ce stade, il sera poursuivi pour agression avec intention de tuer, a ajouté Mme Pirro.
M. Lakanwal a servi dans le « NDS-03, l’une des unités d’élite de lutte contre le terrorisme en Afghanistan, opérée par la CIA avec un soutien direct des renseignements et de l’armée américaine », a fait savoir AfghanEvac, une ONG spécialisée dans la réinstallation des Afghans aux Etats-Unis.
Asile accordé sous l’administration Trump
Les conditions qui ont permis à M. Lakanwal de s’installer aux Etats-Unis sont désormais particulièrement sensibles. La ministre de la sécurité intérieure, Kristi Noem, l’a décrit comme l’un « des nombreux individus admis en masse, sans vérification, aux Etats-Unis dans le cadre de l’opération “Allies Welcome” », mise en place par l’administration du président démocrate Joe Biden pour aider les Afghans ayant collaboré avec les Américains.
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L’ONG AfghanEvac précise toutefois qu’il « a demandé l’asile sous l’administration Biden, mais son asile a été approuvé sous l’administration Trump », en avril 2025. Il n’était pas titulaire de la carte verte de résident permanent.
« L’administration Biden a justifié l’admission du tireur présumé aux Etats-Unis en septembre 2021 en raison de son travail antérieur avec le gouvernement américain, y compris la CIA, en tant que membre d’une force partenaire à Kandahar, qui a pris fin peu après l’évacuation chaotique » des troupes américaines, a déclaré le directeur de la CIA, John Ratcliffe, dans un communiqué transmis à plusieurs médias américains.
Conséquences pour la communauté afghane
Des centaines de milliers d’Afghans ont travaillé pour les forces étrangères, les ambassades et les ONG financées par les Etats-Unis durant les vingt années de présence étrangère en Afghanistan. Depuis août 2021 et le retour au pouvoir des talibans, plus de 190 000 Afghans ont été réinstallés aux Etats-Unis, selon le département d’Etat américain.
Des dizaines de milliers d’autres, y compris de nombreux anciens traducteurs militaires et membres des forces de sécurité afghanes, sont en attente de réinstallation, selon des groupes de défense des droits humains.
Après la fusillade, le président Trump a affirmé que les dossiers de tous les Afghans entrés aux Etats-Unis durant la présidence de Joe Biden seraient réexaminés. L’USCIS, une agence fédérale chargée de l’immigration, a annoncé la suspension immédiate et à durée indéfinie du « traitement de toutes les demandes d’immigration concernant des ressortissants afghans », « dans l’attente d’un nouvel examen des protocoles de sécurité et de vérification ».
« Cet acte violent ne reflète pas la communauté afghane », a réagi AfghanEvac, en condamnant l’attaque. « La communauté afghane ne devrait pas servir de bouc émissaire. »
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