Par
Manon Reinhardt
Publié le
27 avr. 2025 à 9h36
On connaissait les « wedding planners ». Rachel Bianconi est « funeral planner ». Comme le nom l’indique, elle n’organise pas les mariages ou les fêtes d’anniversaire, mais bien les enterrements. Un métier pour le moins étonnant mais « émergent », qu’elle est la seule à exercer à Nice (Alpes-Maritimes).
Reprise des études, sujet tabou, accompagnement personnalisé et demandes insolites, elle se confie sans détour à actu Nice.
Elles sont seulement deux dans le 06
Cela peut paraître inadapté, ou même prêter à sourire… Mais c’est en discutant avec cette ancienne assistante sociale que l’on en comprend la nécessité. À 53 ans, Rachel côtoie la mort quotidiennement en organisant des obsèques.
« J’ai travaillé 25 ans dans le médico-social à différents postes. Le domaine funéraire, ça a été une évidence pour moi. J’ai accompagné de nombreuses familles en situation de deuil ou des patients en fin de vie », retrace-t-elle.
Il y a un an et demi, elle crée son entreprise Un autre départ. La Niçoise s’est reconvertie et a repris les études pour devenir « funeral planner ». Un métier peu connu – ils ne sont qu’une douzaine en France et deux dans les Alpes-Maritimes à l’exercer – mais qui se développe de plus en plus.
Vidéos : en ce moment sur ActuEnterrements personnalisés
C’est au cours de sa carrière que Rachel se rend compte qu’il y a davantage « besoin de l’humain et de beaucoup d’accompagnement très individualisé » durant ces situations complexes. Elle garde notamment le souvenir de l’enterrement de sa propre grand-mère.
Ça a été un moment incroyable complètement à son image, très populaire et chaleureux. On a beaucoup ri et beaucoup pleuré. Des gens m’en reparlent encore. Je me suis dit que c’était très puissant, en fait les morts ne disparaissent pas. Quand les gens ont des obsèques personnalisées, c’est quelque chose qui compte pour les proches dans leur chemin de deuil.
Rachel Bianconi
Funeral planner
Mais ce qui se fait « de plus en plus », c’est l’organisation d’enterrements personnalisés « par anticipation ». « Cela va plus loin, car c’est aussi rédiger les directives médicales anticipées, préparer l’administratif et les volontés. »
Des proches « soulagés »
Un « double cadeau » selon Rachel. « On se fait un cadeau à soi-même car on est sûr que nos volontés seront respectées. Mais aussi à son entourage en le soulageant de tout ça, des choix à faire et des décisions à prendre. »
Rachel travaille avec les pompes funèbres et de nombreux établissements de santé. (©Manon Reinhardt / actu Nice)
Concrètement, l’ancienne assistante sociale coordonne la logistique des obsèques, fait l’intermédiaire avec les différents prestataires, conseille et accompagne ses clients. Mais son cœur de métier, « c’est l’écoute ».
On a à faire à un business qui est énorme. Le domaine funéraire représente 4 milliards d’euros en France tous les ans. Parfois, les proches ne savent même pas qu’ils ont le choix du cercueil par exemple. Je les accompagne physiquement, il y a une proximité. Cette personnalisation est comme un fil rouge, je peux être là à chaque étape.
Rachel Bianconi
Funeral planner
Tombola, drapeau de la CGT, parfum…
Parfois, les demandes peuvent sembler farfelues. Rachel en détaille quelques-unes, le sourire aux lèvres. « Certains souhaitent être enterrés avec des objets qui lui sont chers. Une cliente a voulu que son parfum soit diffusé lors de son enterrement. Récemment, un homme m’a fait part de sa volonté de proposer une tombola à la fin de cérémonie ! »
Un autre a envie d’être mis en terre avec le drapeau de la CGT sur son cercueil. S’il existe des limites, le choix des possibles est quasi « infini ». On peut tout imaginer.
« Ce qui compte, c’est que ça ait du sens. Il n’est pas question de faire des obsèques originales, ça peut être très traditionnel. Le principal, c’est que ça lui ressemble. »
Un métier « de l’avenir » à construire
Son forfait anticipation est fixé à 1400 euros. « Toutes les volontés sont rédigées, signées, et sont données à au moins deux proches », précise l’entrepreneuse. Le tarif pour bénéficier de ses services post-obsèques est à 590 euros. Il va concerner exclusivement l’administratif.
Rachel tente de transmettre sa vision de la mort, qui est loin d’être un sujet tabou pour elle. « Un enterrement, c’est l’occasion de fêter de célébrer la vie de la personne », suggère la furenal planner. Un moment où l’on pleure, bien sûr, mais où l’on peut rire aussi.
Finalement, son métier « est hypervivant », martèle-t-elle. Et ça intéresse. « Il n’y a pas une semaine sans que des gens m’écrivent pour se reconvertir ». Une profession « de l’avenir » où il y a encore tout à construire. Une charte éthique nationale est même en cours de rédaction.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.