Le périple du Spiridon II, un cargo bétailler chargé de 3.000 vaches uruguayennes, s’est transformé en crise internationale. Parti le 20 septembre de Montevideo, le navire a été bloqué en Turquie après un mois de voyage, les autorités ayant découvert de graves irrégularités dans les certificats sanitaires, notamment 469 animaux mal identifiés.
Selon Le Parisien, l’Animal Welfare Foundation (AWF) estime que ces incohérences ont rendu impossible tout débarquement. Pendant les quatre semaines d’attente au large, plusieurs dizaines de bovins sont morts et plus d’une centaine ont mis bas dans des conditions insalubres.
Des carcasses et des déchets jetés à l’eau
Le 14 novembre, alors que le cargo annonçait un retour vers l’Uruguay, son système de localisation a été volontairement désactivé pendant trois jours, un épisode qui a immédiatement suscité des soupçons de déversement illégal en mer. L’AWF juge en effet « fort probable » que des carcasses et des déchets aient été jetés à l’eau, ce qui constituerait une violation claire de l’accord MARPOL. Lorsque le signal a réapparu, le navire ne se dirigeait plus vers l’Amérique du Sud mais vers l’Afrique du Nord, brouillant un peu plus la compréhension de son itinéraire réel.
Les vaches finalement débarquées en Libye
Le cargo a finalement accosté le 21 novembre en Libye, où les animaux ont été débarqués dans un port dépourvu de contrôles robustes en matière de bien-être animal. Le gouvernement uruguayen affirme, cité par l’AFP, que les bovins sont arrivés « en bonne santé », mais l’AWF dénonce l’absence totale de preuves indépendantes. Des camions ont rapidement quitté le port de Benghazi, sans communication officielle des autorités locales, alimentant les inquiétudes quant au sort réel des survivants et à la gestion des animaux morts.
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Pour les ONG, cette affaire montre les dérives d’un modèle économique fondé sur des navires vétustes, réaménagés au moindre coût pour transporter des milliers d’animaux vivants sur de très longues distances. France 24 rapporte les propos de la vétérinaire Maria Boada Saña, pour qui le Spiridon II représente « l’une des plus graves violations du bien-être animal de ces dernières années ». L’AWF appelle désormais à une enquête internationale et à un moratoire sur le transport maritime d’animaux vivants, estimant que de telles tragédies pourraient se reproduire « à tout moment » tant que ces pratiques perdureront.