Les patrons allemands doivent «étouffer dans l’œuf» toute idée de rapprochement avec le parti en plein essor AfD, a estimé le dirigeant du syndicat Ver.di, rappelant le soutien décisif apporté par les dirigeants industriels allemands à Adolf Hitler.
Le syndicat unifié des services en Allemagne a exhorté jeudi les entreprises à refuser le dialogue avec l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), après qu’une fédération d’entrepreneurs a dit être disposée à échanger avec ce parti d’extrême droite en plein essor. Les entreprises allemandes doivent «étouffer dans l’œuf» toute idée de rapprochement avec l’AfD, a déclaré Frank Wernecke, le dirigeant du syndicat Ver.di, aux journaux du groupe Funke. «L’Histoire nous enseigne combien il est important que l’économie se démarque clairement des extrémistes de droite», a-t-il souligné, rappelant le soutien décisif apporté par les dirigeants industriels allemands à Adolf Hitler.
Le débat sur le «cordon sanitaire» réservé à ce parti anti-migrants et prorusse a été relancé par Marie-Christine Ostermann, présidente de l’Association des entrepreneurs familiaux, qui a expliqué lundi au journal économique Handelsblatt être prête au débat d’idées avec l’AfD. En conséquence, «l’interdiction de contact» avec les députés de ce parti, en vigueur jusqu’ici pour ses membres, a été levée, a indiqué Marie-Christine Ostermann. Si son association ne «veut pas d’un gouvernement impliquant l’AfD», dont la «vision du monde» ne correspond pas à ses «convictions», elle estime qu’il faut aujourd’hui privilégier «une confrontation avec le contenu du programme» du parti.
L’AfD caracole dans les sondages
Des entreprises de renom, notamment la chaîne de drogueries Rossmann, le fabricant de la boisson Fritz-Kola et celui d’appareils électroménagers Vorwerk – créateur du célèbre Thermomix – ont depuis quitté la fédération en signe de protestation. Fondée en 2013, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) est en pleine ascension. Arrivée deuxième aux législatives de février dernier, l’AfD distance désormais dans plusieurs sondages le parti conservateur du chancelier Friedrich Merz.
Pendant la dernière campagne, ce dernier avait été accusé de mettre à mal le «cordon sanitaire», qui exclut toute coopération politique avec l’AfD, en acceptant les votes de ce parti pour faire passer au parlement une motion sur la politique migratoire. S’il a rejeté toute idée de collaboration avec l’extrême droite, le chancelier a adopté des positions très tranchées sur l’immigration, un des sujets sur lesquels l’AfD a bâti sa popularité.