Du jamais vu et, surtout, un signal fort pour l’indépendance de l’Europe dans le domaine spatial. L’agence spatiale européenne (ESA) a obtenu 22,1 milliards d’euros de ses Etats membres pour financer ses programmes lors des trois prochaines années.

Le montant de ces contributions est en hausse de plus de 5 milliards d’euros par rapport à la précédente ministérielle organisée à Paris en 2022, où 16,9 milliards d’euros avaient été engagés. Surtout, l’agence européenne a quasiment obtenu 100 % des souscriptions qu’elle espérait, un niveau jamais vu auparavant. « J’adresse mes remerciements aux pays membres, associés ou coopérants. Vous avez fait l’histoire », s’est réjoui Josef Aschbacher, le directeur général de l’ESA au moment de l’annonce des résultats.

Près du double des sommes de 2016

L’ESA, qui fête cette année ses 50 ans d’existence, coordonne des projets spatiaux civils entre ses pays membres et travaille également régulièrement avec les instances européennes. Ces chiffres en hausse s’inscrivent dans une tendance qui s’accélère puisque les sommes obtenues par l’ESA en 2025 représentent quasiment le double de celles qui avaient été obtenues en 2016 à Lucerne, en Suisse.

En préambule de cette réunion, l’ESA espérait obtenir 22,2 milliards d’euros. Les contributions obtenues sont donc très proches de cet objectif, ce qui est rarement le cas. Les experts tablaient plutôt sur une vingtaine de milliards d’euros pour ce nouveau financement des programmes de l’agence jusqu’en 2028.

Répondre aux défis économiques et géopolitiques

Le paysage spatial a profondément évolué ces dernières années, avec l’émergence d’entreprises privées très puissantes (SpaceX, Blue Origin) et un contexte international devenu trouble en raison de la montée des conflits ou de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, pays majeur du spatial. L’espace, reconnu comme domaine stratégique, concerne désormais l’économie, la sécurité, la capacité d’actions en faveur du climat et la souveraineté numérique des Etats membres.

« Toutes les crises apportent leur lot d’opportunités, et beaucoup de choses ont changé ces dernières années », a commenté Josef Aschbacher. « En premier lieu, la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine a montré à tous, très clairement, y compris aux populations, ce que cela voulait dire que d’être dépendant technologiquement de milliardaires. Et la résilience de souveraineté est donc décisive », a-t-il souligné. De quoi renflouer les caisses de l’ESA.