L’avocate générale a aussi demandé une période de sûreté de 22 ans contre Mohamed Seghier, déjà condamné à trente ans de réclusion pour l’assassinat en 2014 de Karim Tir, le manager du rappeur Jul à ses débuts.

Contre l’autre accusé, Christopher Aouni, qui doit comparaître en 2026 devant trois cours d’assises pour deux assassinats et une tentative d’assassinat, elle a requis trente ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers.

« A partir de combien de morts va-t-on considérer que ces deux hommes sont très dangereux, que, pour eux, la vie humaine a très peu de prix ? », a questionné l’avocate générale.

Pour l’accusation, Mohamed Seghier et Christopher Aouni sont deux des quatre hommes qui avaient mitraillé la voiture dans laquelle se trouvaient Nouri Lakas, 26 ans et Nasser Khellaf, 31 ans, stationnés sur un parking du quartier de La Valentine pour manger un sandwich.

Sur une vidéo de 61 secondes d’une violence extrême, on aperçoit un membre du commando retirer une balise sous la voiture des victimes.

« La signature de cette équipe c’est l’usage des balises » pour se livrer « à une chasse, une traque dont l’objectif est l’extermination d’un clan adverse », a expliqué l’avocate générale dans son réquisitoire.

Vendetta sanglante

Ce double assassinat s’inscrit dans une vendetta sanglante – une vingtaine de morts – qui, dès 2010, opposait deux clans, d’un côté des membres des familles Tir et Berrebouh, de l’autre ceux de la famille Remadnia alliés à la bande de Marignane dont les accusés étaient membres.

L’avocate générale, les avocats des parties civiles, Mes Jean Boudot et Fabrice Giletta, ont salué le courage d’une soeur de Nouri Lakas qui quelques jours après les faits avait rapporté aux enquêteurs les confidences de son frère : « S’il m’arrive quelque chose, c’est la bande de Marignane, Seghier qui boite ».

Les deux accusés contestent être les auteurs et ont mis en cause durant les débats Tonio Martinez, le patron de la bande de Marignane, abattu dans un règlement de comptes le 3 février 2018. « Leur vie, c’est tuer ou être tué » a déploré Me Boudot, avocat des frères de Nouri Lakas.