Alors que sa fille cumule des handicaps psychomoteurs, un père de famille met en cause le laboratoire Sanofi, qui commercialise le médicament antiépileptique qu’il a pris pendant des années.
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Publié le 27/11/2025 10:20
Temps de lecture : 3min

Une boîte de Dépakine. Image d’illustration. (JULIO PELAEZ / MAXPPP)
En Gironde, un père de famille qui s’est soigné avec de la Dépakine déclare jeudi 27 novembre sur ICI Gironde (ex-France Bleu) qu’il va porter plainte contre le laboratoire Sanofi qu’il tient pour responsable du handicap de sa fille. Jean-Marc Laurent vit à Cénac, au sud de Bordeaux, et a commencé à prendre ce médicament antiépileptique à partir des années 2000. Sa fille, Margaux, née en 2008, a « un mille-feuille de handicaps cognitifs : dysphasie, dyspraxie », et « fait des séances d’orthophonie, de psychomotricité depuis l’âge de 5 ans », témoigne-t-il.
Jean-Marc Laurent n’est pas épileptique mais a pris de la Dépakine « à cause de crises d’épilepsie », après avoir « attrapé le ténia en Afrique ». C’est son neurologue qui le lui a prescrit. Jean-Marc Laurent reconnaît qu’il « n’avait pas fait le rapprochement avec la Dépakine » au départ, mais aujourd’hui il affirme que « tous ces troubles-là viennent de la Dépakine ».
« Aujourd’hui, ajoute-t-il, Margaux a aussi une déficience qui se creuse et on s’en rend compte beaucoup avec la scolarité. » Le père de famille raconte qu’il a « commencé à s’apercevoir d’une différence, en grandissant, avec des enfants dits ‘classiques’ : on ne savait pas trop pourquoi ».
Pour appuyer sa plainte à venir, Jean-Marc Laurent cite une étude du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et Caisse nationale de l’Assurance Maladie), publiée le 6 novembre dernier. Cette étude affirme que « l’exposition paternelle au Valproate [la molécule de la Dépakine] pendant la période de conception est risquée pour l’enfant », pouvant provoquer des « troubles neurodéveloppementaux » tels que des déficits de l’attention, des troubles du développement intellectuel, du spectre de l’autisme, de la communication ou des apprentissages.
« Les scientifiques sont d’accord et ça enlève un peu de la culpabilité que je pouvais avoir », déclare Jean-Marc Laurent à ICI Gironde. Il dit qu’avec sa plainte, il souhaite « alerter les futurs papas : il faut vraiment faire gaffe », prévient-il. « Il faut que Sanofi se réveille », ajoute-t-il, appelant le laboratoire français à « trouver des alternatives ».
Il a par ailleurs été établi que la Dépakine, donnée depuis la fin des années 1960, cause fréquemment des malformations ou des troubles du développement chez les enfants de femmes traitées pendant leur grossesse. Dans ce scandale sanitaire, la cour administrative d’appel de Paris a confirmé en janvier dernier que l’État avait une part de responsabilité dans l' »insuffisance d’information » donnée aux patients et aux médecins sur les risques de la Dépakine, commercialisé par Sanofi, pris pendant la grossesse.