« Petits immeubles », « maisons individuelles anciennes »… Alors que l’accès aux aides de MaPrimeRénov’ a été restreint après une pause estivale, une étude de l’Institut Paris Région cible plusieurs « angles morts » pour rendre les travaux plus efficaces en Île-de-France.
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L’étude, publiée ce jeudi 27 novembre par l’Institut Paris Région, appelle à « lever les freins de la rénovation énergétique en Île-de-France ». Ses autrices, Franziska Barnhusen, spécialiste des enjeux de rénovation énergétique au sein de l’agence d’urbanisme, et Amélie Rousseau, géographe urbaniste, dressent d’abord un constat : le bâti qui date d’avant 1991 représente 70 % des logements franciliens, mais consomme 77 % de l’énergie résidentielle.
Ce bâti ancien représente ainsi l’un des « angles morts » des politiques de rénovation ciblés par l’étude, qui pointe du doigt en particulier les « petits collectifs » et les « zones patrimoniales ». « Les grands collectifs sont plus faciles à rénover, d’un point de vue technique et financier, le coût étant moins important en raison du grand volume de logements. Mais quand on regarde dans le détail, pour les petits immeubles avec moins de 20 logements, et les maisons individuelles anciennes, c’est plus complexe », explique Amélie Rousseau.
🏙️ Le défi de la rénovation énergétique en Île-de-France
🚨 70 % des logements datent d’avant 1991 et consomment 77 % de l’énergie résidentielle.
👉 Quels sont les freins ? Quels sont les leviers mobilisables ?
➡ Téléchargez notre étude complète : https://t.co/YepXPT2Fiw— L’Institut Paris Region (@linstitutPR) November 27, 2025
Et alors que plus de la moitié des logements franciliens sont situés dans des espaces protégés, notamment aux abords de monuments historiques, « rénover ce bâti ancien et patrimonial génère des surcoûts importants », analyse Amélie Rousseau, citant les « matériaux particuliers » à utiliser, mais aussi les professionnels qualifiés à contacter, ainsi que les démarches administratives à mener.
Autre diagnostic : tandis que les passoires thermiques sont présentées comme les cibles principales des politiques actuelles, les logements classés parmi les pires catégories énergivores « ne représentent pas du tout la majorité des immeubles faisant l’objet de rénovations ».
« On rénove davantage les logements avec une performance énergétique intermédiaire. Quand on est classé F ou G, même après des travaux, c’est difficile de dépasser l’étiquette E. C’est très compliqué techniquement, et coûteux », résume Franziska Barnhusen.
Quant aux « leviers » recommandés par l’étude pour améliorer l’efficacité des politiques de rénovation, les autrices proposent notamment de renforcer « le dialogue entre les différents acteurs », et de « prendre en compte le grand rôle que les bailleurs sociaux ont à jouer » dans l’innovation énergétique.
« Il faut aussi renforcer l’accompagnement une fois les travaux terminés. Entre les gains énergétiques qu’on prévoit, et la baisse de consommation qu’on constate dans les faits, il y a souvent un écart. On peut l’expliquer par des malfaçons, des matériaux pas à la hauteur, mais il y a aussi l’usage, la prise en main, qui peut jouer. Quand on met un nouveau système de chauffage, un professionnel pourrait venir vérifier après coup s’il est réglé au bon niveau par rapport aux besoins, pour plus d’efficacité », indique Amélie Rousseau.
Franziska Barnhusen appelle aussi à concevoir les rénovations non plus « logement par logement », mais « à l’échelle d’un quartier ». « On peut tenter d’identifier les types de logements qui présentent des enjeux similaires pour lancer des rénovations en même temps avec un socle commun de règles. L’idée est de viser un impact énergétique plus fort, avec des coûts mutualisés pour choisir les entreprises, et un accompagnement collectif. Y compris pour des pavillons, à l’échelle de lotissements », détaille-t-elle.
Amélie Rousseau suggère aussi d’aider les ménages face aux « démarches administratives, procédurales ». Documents annexes à fournir, formulaires… « Déposer une demande de travaux, c’est parfois complexe. Certains dossiers ne vont pas au bout pour des questions de vices de forme. L’idée serait d’avoir plus d’accompagnement », indique-t-elle, citant « des permanences renforcées dans les mairies, et des outils numériques intelligents, comme c’est le cas à Paris ».
Parmi les autres recommandations, l’Institut Paris Région – présidée par Valérie Pécresse (LR), à la tête du conseil régional d’Île-de-France – appelle également à « promouvoir la sobriété énergétique ». Cette publication survient alors que le dispositif d’aides publiques MaPrimeRénov’, conçu pour les gros travaux de rénovation énergétique, a été suspendu cet été par le gouvernement, dans un contexte de fortes restrictions budgétaires. À sa réouverture fin septembre, les conditions d’accès aux subventions ont été durcies.