Les États-Unis de Donald Trump ont annoncé ce jeudi 27 novembre le réexamen des « cartes vertes » attribuées aux ressortissants de 19 pays jugés sensibles.

ALEX WROBLEWSKI / AFP

Les États-Unis de Donald Trump ont annoncé ce jeudi 27 novembre le réexamen des « cartes vertes » attribuées aux ressortissants de 19 pays jugés sensibles.

EN BREF Donald Trump annonce des mesures anti-migrants après l’attaque à Washington, incluant le réexamen des « cartes vertes » de ressortissants de 19 pays jugés préoccupants.
Il promet aussi de « suspendre l’immigration des pays du tiers-monde » pour, selon lui, renforcer la sécurité nationale.
Une enquête pour terrorisme est lancée après l’attaque par un suspect afghan.

Une politique migratoire de plus en plus répressive. Sous le choc après l’attaque à Washington contre deux soldats de la Garde nationale par un suspect afghan, les États-Unis de Donald Trump ont lancé ce jeudi 27 novembre une enquête pour terrorisme et vont réexaminer les « cartes vertes » attribuées aux ressortissants de 19 pays jugés sensibles. Le président américain a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi la mort de la militaire Sarah Beckstrom, qui avait été grièvement blessée par les tirs.

Commis mercredi par un Afghan de 29 ans, arrivé aux États-Unis en 2021 après avoir servi aux côtés de l’armée américaine en Afghanistan, cet acte considéré comme une « embuscade » par les autorités a immédiatement poussé Donald Trump à promettre un durcissement de sa politique anti-immigration.

« Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l’expulsion de tout étranger de quelque pays que ce soit qui n’a pas sa place ici ou qui n’apporte aucun avantage à notre pays », avait insisté mercredi soir le président américain.

Traitement des demandes d’immigration des ressortissants afghans suspendu

Appliquant la consigne présidentielle, le directeur des services d’immigration (USCIS), Joseph Edlow, a annoncé jeudi avoir « ordonné un réexamen complet et rigoureux de chaque carte verte délivrée à tout ressortissant étranger provenant de pays jugés préoccupants ». Ce permis accordant le titre de résident permanent aux États-Unis sera réexaminé pour les immigrés originaires d’Afghanistan, mais aussi de 18 autres pays incluant notamment le Venezuela, Haïti et l’Iran.

Mais le président américain a promis d’aller plus loin. « Je vais suspendre définitivement l’immigration en provenance de tous les pays du tiers-monde afin de permettre au système américain de se rétablir complètement », a écrit Donald Trump dans une longue diatribe sur son réseau Truth Social à l’occasion de la fête de Thanksgiving.

Il a menacé d’annuler « des millions » d’admissions d’étrangers accordées par le gouvernement de son prédécesseur démocrate Joe Biden et affirmé que son administration allait « chasser toute personne qui n’est pas un atout pour les États-Unis ou qui est incapable d’aimer notre pays ». Il veut aussi notamment « dénaturaliser les migrants qui nuisent à la tranquillité nationale » et « expulser tout ressortissant étranger qui constitue un fardeau public, un risque pour la sécurité ou qui n’est pas compatible avec la civilisation occidentale ».

Les autorités américaines avaient déjà annoncé après l’attaque suspendre pour une durée indéfinie le traitement des demandes d’immigration concernant des ressortissants afghans. Selon le département d’État américain, plus de 190 000 Afghans sont arrivés aux États-Unis depuis la prise de pouvoir des talibans.

AfghanEvac, une organisation chargée d’aider des Afghans à s’établir aux États-Unis après le retrait américain d’Afghanistan de 2021, a assuré que la communauté afghane était soumise à « des vérifications de sécurité (…) parmi les plus approfondies » en matière d’immigration. « L’acte violent et isolé de cet individu ne doit pas servir d’excuse pour définir ou rabaisser toute une communauté », a mis en garde le président de l’organisation, Shawn VanDiver.

Décès d’une militaire, annoncé par Donald Trump

Le suspect, Rahmanullah Lakanwal, a traversé le pays en voiture depuis l’État de Washington, dans le nord-ouest du pays, pour se rendre dans la capitale fédérale, sur la côte est, selon la procureure de Washington, Jeanine Pirro. Là, il a mené une attaque « ciblée » contre des militaires de la Garde nationale, ouvrant le feu sur deux d’entre eux avec un avec revolver Smith & Wesson, « sans provocation, comme dans une embuscade ».

L’une des membres de Garde nationale touchée, une femme de 20 ans, est décédée dans la nuit de jeudi à vendredi, a annoncé Donald Trump. « Sarah Beckstrom de Virginie-Occidentale, une personne très respectée, jeune et magnifique, qui a commencé son service en juin 2023, remarquable à tous égards, vient de nous quitter. Elle n’est plus parmi nous », a expliqué le milliardaire républicain lors d’une allocution télévisée.

L’autre militaire visé, un homme de 24 ans, se trouve dans un état critique. Il « lutte pour sa vie », a ajouté le républicain. « Il est dans un état très grave. Il se bat pour sa vie, et nous espérons recevoir de meilleures nouvelles à son sujet. »

Le tireur était toujours hospitalisé jeudi sous haute surveillance. La procureure a indiqué qu’il ferait face à trois chefs d’agression armée avec intention de tuer. Son mobile reste inconnu.

Enquête internationale

Selon le directeur de la CIA, John Ratcliffe, le suspect avait travaillé avec l’armée américaine en Afghanistan avant d’être exfiltré vers les États-Unis. « Nous enquêtons pleinement sur cet aspect de son passé », a déclaré le directeur du FBI, Kash Patel, lors d’une conférence de presse.

La police fédérale a lancé une enquête internationale pour terrorisme et se penche également sur d’« éventuels complices » dans le pays ou à l’étranger, a-t-il indiqué. Il a ajouté que les autorités menaient des perquisitions en lien avec l’enquête, y compris au domicile du suspect, dans l’État de Washington.

Rahmanullah Lakanwal était arrivé aux États-Unis un mois après le retrait précipité des forces américaines d’Afghanistan pendant la présidence du démocrate Joe Biden, en août 2021, dans le cadre d’une opération mise en place pour aider les Afghans ayant collaboré avec les Américains.

Des responsables du FBI, de la CIA et du ministère de la Sécurité intérieure ont affirmé qu’il n’avait pas fait l’objet d’un examen minutieux à son arrivée et avait bénéficié des politiques d’accueil jugées laxistes mises en place après le retrait chaotique des troupes américaines d’Afghanistan.