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Rédaction Rennes

Publié le

28 nov. 2025 à 6h32

La cour d’appel de Rennes a rejugé, mardi 25 novembre 2025, le père du petit Sacha, qui était décédé dans un accident de la route à Acigné (Ille-et-Vilaine) en avril 2024, après avoir été percuté par un automobiliste ivre et sans permis. Il avait en effet été condamné au même titre que le chauffeur, qui roulait à 110 au lieu de 70 km/h.

Décédé le lendemain à l’hôpital

Pour rappel, le 5 avril 2024, alors que Jérémy, le père de l’enfant, et Sacha, âgé de 4 ans et demi, et sa « mamie de cœur » de l’enfant rentraient du restaurant après avoir assisté ensemble au spectacle d’école, ils avaient été percutés en voiture sur la route départementale n° 92, vers 22h45.

Le véhicule du conducteur incriminé, Anthony – qui avait 2 g d’alcool par litre de sang – les avait violemment percutés alors que le père de famille entreprenait de « tourner à gauche » pour se rendre en direction de la zone industrielle d’Acigné. Sacha, dont le pronostic vital avait immédiatement été engagé, était décédé le lendemain à l’hôpital.

Il lui aurait « coupé la route »

Reste que le père du petit Sacha a toujours soutenu « ne pas avoir vu de phares » arriver : il n’aurait pris « aucun risque » s’il les avait vus compte tenu de la « présence » de son fils unique dans la voiture, a-t-il toujours expliqué.

Anthony avait quant à lui eu « une attitude agressive » à son encontre après l’accident, lui reprochant de lui avoir « coupé la route »… Il avait par la suite « insulté les gendarmes » et même exprimé son « énervement à l’hôpital ».

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Le père mis en examen pour « homicide involontaire »

Une information judiciaire avait été ouverte dans cette affaire et le chauffard avait immédiatement été mis en examen pour « homicide involontaire aggravé ».

En février 2025, coup de théâtre : le père de Sacha, jusqu’alors constitué partie civile pour faire valoir son statut de victime, avait à son tour été mis en examen pour « homicide involontaire ».

Une première audience mouvementée

Le rapport d’accidentologie avait en fait conclu à un « refus de priorité » du père de famille, mais il avait toutefois affirmé que le choc ne se serait pas produit si le chauffard avait circulé « à 70 km/h », et ce, « sans compter les effets de la drogue et de l’alcool » qui coulaient dans le sang d’Anthony. Les tests faits sur le père de l’enfant s’étaient eux avérés négatifs.

Sur le fondement de ce rapport, le 4 avril 2025, le juge d’instruction en charge du dossier avait donc décidé de renvoyer les deux hommes sur le même banc des prévenus. À l’audience de première instance, l’avocate du père de Sacha avait dû elle-même s’interposer entre les deux hommes, cette configuration n’ayant pas été anticipée. La présidente du tribunal correctionnel de Rennes avait fini par intervenir en demandant aux policiers des escortes de se placer entre eux.

« Dispensé de peine », mais coupable

La suite de l’évocation de l’affaire avait été d’une « violence inouïe » pour le père de famille : si Anthony a été condamné à sept ans de prison, lui aussi a été reconnu coupable d’ « homicide involontaire » sur son propre fils, en dépit de réquisitions de « relaxe » du parquet de Rennes.

Le tribunal l’avait toutefois « dispensé de peine » et avait « exclu cette condamnation du bulletin n°2 de son casier judiciaire », alors qu’il sollicitait sa relaxe pure et simple.

La famille du petit Sacha n’avait pas eu le sentiment d’être « entendue », selon son avocat, Me Henry Ermeneux, qui a déploré « une condamnation du bout des lèvres, mal assumée […], juridiquement critiquable et moralement injustifiée ».

Les deux hommes ont fait appel

Dans un premier temps, les deux hommes avaient fait appel de cette décision. Mais Anthony s’est finalement désisté entre-temps. Jérémy, quant à lui, en a fait une question de principe : mardi 25 novembre 2025, « il est venu pour que la justice lui dise qu’il n’est en rien responsable de la mort de son fils », a plaidé Me Pauline Kerloegan, son avocate, qui a tissé depuis cette affaire « un lien inexplicable » avec ce client. « Sacha n’aurait pas pu espérer meilleur papa que vous », lui a-t-elle d’ailleurs lancé, très émue, à la fin de sa plaidoirie.

La mère de l’enfant – dont Jérémy était déjà séparé au moment des faits – a elle aussi toujours été aux côtés de son ex-compagnon. « Ses proches ne le tiennent pas pour responsable », mais le père de Sacha en fait « une question de principe », a validé l’avocat général.

La relaxe demandée

Le magistrat du parquet général de la cour d’appel de Rennes a donc à son tour réclamé à la cour de le relaxer, estimant que Jérémy n’avait commis « aucune faute », avec « une conduite maîtrisée de A à Z ».

Le prévenu doit donc désormais s’entendre dire qu’il n’a « pas tué son enfant », même s’il porte « cette culpabilité toute sa vie ».

La cour, qui a mis sa décision en délibéré, se prononcera début janvier 2026.

CB et GF (PressPepper)

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