Un patrimoine oublié et qui perd de sa superbe. Depuis sa donation en 1993 à la Ville de Saint-Laurent-du-Var, le moulin des Pugets, situé près de la route du même nom, se dégrade. Pourtant, il avait par le passé été conclu qu’il devienne un lieu culturel et de mémoire.

Loin de l’agitation, le moulin est un grand bâtiment composé de trois parties. Sa première trace remonte au XVe siècle et son historique a déjà largement été documenté dans Nice-Matin.

En 1993, la Ville de Saint-Laurent-du-Var annonce en conseil municipal qu’elle achètera le moulin et son terrain d’environ 5.000 m2 pour 3,5 millions de francs. Le maire de l’époque, Marc Moschetti, prévoyait d’en faire un musée dédié à l’oléiculture.

Le moulin sera finalement donné par ses propriétaires sous la condition qu’il soit préservé. Mais deux ans plus tard, sous la municipalité d’Henri Revel, le vent tourne et le projet de musée est compromis.

« C’est une ruine », lance le maire, précisant qu’il faudrait « dépenser des sommes énormes » pour en faire un musée. À l’époque, les travaux de réhabilitation étaient estimés à 15 millions de francs.

« Le seul moulin à huile de la commune »

Alors depuis plusieurs années, la situation végète et le moulin est laissé sans entretien. Mais un collectif, dont fait partie Céline, se bat pour éviter sa perte.

Sa mère est née au moulin à l’été 1942, ses arrière-grands-parents maternels y ont été métayers et y ont produit de l’huile, avant que sa famille en devienne propriétaire en 1922.

Alors c’est aussi toute une histoire de famille que Céline cherche à préserver. Ce qu’elle voudrait, comme le collectif, c’est rendre de sa superbe à l’édifice et en faire un lieu culturel.

« Je voudrais juste qu’on ne le laisse pas se dégrader et tomber dans l’oubli. C’était le seul moulin à huile de la commune », défend Céline.

Elle avait demandé qu’un panneau soit apposé pour raconter l’histoire du moulin.

Pour l’heure, rien n’a été fait, si ce n’est la pose, à l’entrée du chemin, d’une barrière arborant un panneau « Chantier interdit au public ».

Il faut dire que la toiture est tellement abîmée qu’elle menace de s’effondrer.

L’accès au bâtiment est d’ailleurs condamné, et une pancarte indique l’« interdiction de pénétrer à toutes personnes étrangères aux services techniques » en raison d’une « structure instable ».

« Sanctuariser l’espace »

Mais la Ville de Saint-Laurent-du-Var assure avoir des projets pour ce lieu. Elle échange régulièrement avec le collectif pour concrétiser la volonté du maire, Joseph Segura, de valoriser le moulin.

En 2016, la Ville a ainsi acheté « plus de 10.000 m2 » de foncier autour « pour sanctuariser l’espace », rappelle Thomas Berettoni, le premier adjoint au maire.

Actuellement, ce sont les services municipaux qui occupent le terrain et stockent un peu de matériel dans le moulin.

Les ânes, parqués dans le champ voisin, appartiennent également à la commune, tout comme les poules et les ruches qui occupent une partie du terrain, derrière le bâti.

La Ville a lancé une seconde étape pour permettre aux Laurentins de venir sur l’extérieur du site. En lien avec la Métropole, elle a ainsi lancé l’aménagement d’un cheminement piéton entre le parking du dojo et le chemin d’entrée du moulin, qui doit être terminé d’ici la fin de l’année.

Coût : 320.000 euros. « Après quoi, nous allons aménager un parc autour du moulin avec des tables de camping et des panneaux pédagogiques pour présenter l’histoire du moulin et du site », précise Danielle Hebert, adjointe au maire déléguée à l’Environnement.

Elle a demandé que les espaces verts nettoient pour que les abords « soient nickel ».

L’objectif est que cet espace soit opérationnel au cours du premier semestre 2026.

« Pour le moment, c’est une déchetterie », tacle Rafaël Quessada, candidat RN aux élections municipales de Saint-Laurent-du-Var.

Deux ans de travaux prévus

Concernant le bâtiment, les élus assurent avoir commencé à « travailler pour voir comment le réhabiliter ».

Ils souhaitent collaborer avec une association de chantiers de jeunes pour le rénover, mais doivent d’abord sécuriser le bâti pour prévenir tout risque d’effondrement.

« On travaille sur les devis et un maître d’œuvre va être désigné », détaille Danielle Hebert. Elle pense pouvoir lancer la maîtrise d’ouvrage début 2026, et prévoit deux ans de travaux.

La Ville souhaite aussi remettre en état les canaux qui servaient à acheminer l’eau du Var pour faire fonctionner le moulin.

« Ensuite, on verra quelle sera sa destination finale. Mais ce sera un lieu culturel », assure l’élue.