Lundi prochain 7 avril, cela fera un mois que la désignation du duo de chefs de file des insoumis pour mener la campagne des municipales à Rennes est bloquée dans les “tuyaux” de la commission électorale de LFI à Paris. Comme nous l’avons révélé, la procédure de désignation est contestée. En cause, l’existence de deux binômes concurrents. Le premier est emmené par Ulysse Rabaté, le président de l’association « Rennes commune ». Le second par Gwénolé Bourrée, l’ex-collaborateur de Louis Boyard à l’Assemblée – sur les réseaux, il a annoncé avoir quitté son poste fin mars pour « partir vers de nouveaux projets, vers (ses) terres natales rennaises ».
Conséquence : les insoumis ont été contraints d‘improviser un vote à mains levées à la fin de leur réunion de désignation. Comme le rapporte Le Mensuel de Rennes dans son édition d’avril, ce scrutin s’est soldé par la victoire écrasante de Gwénolé Bourrée par 47 voix contre 7… Sauf que les conditions de ce vote, auquel à peine un peu plus de la moitié des présents semblent avoir pris part (*), ont tout de suite été contestées devant la commission électorale de LFI. Résultat ? Un mois plus tard, les oracles de celle-ci n’ont toujours pas été rendus… Et la campagne des insoumis n’a pas démarré…
Clivage sur la stratégie
À Paris, les responsables insoumis assurent que tout est normal. Interrogé sur la situation rennaise en mars, un membre éminent du parti tempérait en indiquant que « le comité électoral examine le procès-verbal de cette assemblée locale comme de nombreuses autres, ainsi que nos procédures le prévoient ». Et de renvoyer le verdict aux « jours et semaines à venir »… Un mois plus tard, on attend toujours.
En réalité, ce duel de casting dissimule assez mal les tiraillements internes sur la stratégie des insoumis pour tenter de conquérir la onzième ville de France. « Leur plan ? C’est comment s’assurer de ne jamais être élu », ironise, dans Le Mensuel, un acteur expérimenté de la gauche rennaise en observant leurs difficultés à désigner leurs chefs de file. « Les municipales à Rennes, ce n’est pas l’élection du bureau des étudiants », confie un autre proche du dossier.
Deux personnalités, deux lignes
Dans son viseur ? La ligne suivie par Gwénolé Bourrée et la députée Marie Mesmeur, trop centrée sur les seuls jeunes insoumis et le syndicat étudiant Union pirate, selon leurs détracteurs. Une approche jugée clivante et étroite, fondée sur une appréciation erronée, héritée de la victoire de Marie Mesmeur aux législatives de 2024 dans la première circonscription d’Ille-et-Vilaine. « Son élection et son score ont résulté d’un vote utile de la gauche contre l’extrême droite, analyse un membre du Parti de gauche, en retrait de LFI. Cela ne sera pas le cas aux municipales. Les Rennais sont de gauche, c’est vrai, mais ils sont surtout modérés. » En arrière-plan, ces tiraillements internes font resurgir la division du mouvement entre les jeunes militants et ceux du « canal historique », troublés par l’éviction brutale de Frédéric Mathieu, le député sortant de la 1re circonscription, remplacé par Marie Mesmeur aux dernières législatives.
Stratégie d’alliance avec les socialistes