Par
Adrien Filoche
Publié le
28 nov. 2025 à 19h14
Une femme a été tuée toutes les dix minutes dans le monde en 2024, selon un rapport d’ONU Femmes et de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, publié à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le mardi 25 novembre 2025. En Seine-Maritime, 4857 faits de violences conjugales ont été recensés en 2024, chiffre de son côté la préfecture de la Seine-Maritime. Alors, afin de mieux accompagner les victimes, la préfecture met en place un nouveau dispositif appelé « Pack nouveau départ ».
Mieux accompagner les victimes de violences conjugales
Ce nouveau dispositif d’accompagnement, mesure du plan interministériel « Toutes et touts égaux » a été présenté le 26 novembre et doit permettre à l’échelle du territoire « d’offrir à chaque victime qui signale des violences un accompagnement rapide, complet et coordonné ».
Concrètement, ce dispositif est une « boite à outils » qui doit rendre plus simple le processus de signalement et de prise en charge pour les victimes de violences conjugales. La Caf (caisse d’Allocation familiale) devient le centralisateur des demandes.
Dès qu’une femme se signale, qu’elle que soit sa porte d’entrée et sans avoir nécessairement déposé plainte, elle est orientée par son interlocuteur via la Caf vers une professionnelle référente qui active l’ensemble des dispositifs : sécurité, hébergement, aide financière, accompagnement social et juridique.
La préfecture de la Seine-Maritime
Grâce à ce référent, la victime n’a plus à multiplier les démarches, ne doit plus frapper à différentes portes. « Ce sont les professionnels qui prendront directement contact avec elle », souligne la préfecture. Une fois le signalement effectué, la victime doit ainsi être renvoyée sous un délai de 72 heures vers son référent. L’idée est simple : permettre à une femme victime de violences conjugales d’éviter de subir « le parcours de la combattante ».
Ce « Pack nouveau départ » nécessite ainsi la collaboration des différents acteurs du territoires (forces de l’ordre, conseillers départementaux, travailleurs sociaux, etc.). Déjà testé dans d’autres départements, le dispositif devrait être effectif dès le premier trimestre 2026 à l’échelle de la Seine-Maritime.
« Il faut faire de la Seine-Maritime un territoire moteur »
Ce dispositif d’urgence rejoint les outils déjà engagés à l’échelle du département. « Depuis sa création en 2023, l’aide d’urgence de la Caf a été versée à 1470 personnes pour un montant de 1 163 306 euros », souligne à ce propos la préfecture.
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Parmi les autres mesures, la préfecture liste notamment « le déploiement de plus de 100 téléphones grave danger et de bracelets anti-rapprochement », « la création de deux maisons des femmes » (au groupe hospitalier du Havre et au CHI Elbeuf-Louviers-Val de Reuil), ou encore la mise en place de places d’hébergement pour les victimes (53 places, complétées par 49 de logements adaptés).
Cette cause n’est pas une option, c’est une politique publique à part entière. Il faut faire de la Seine-Maritime un territoire moteur.
Jean-Benoît Albertini
préfet de la Seine-Maritime
Il faut dire que la France n’est pas en avance — pour ne pas dire en retard — sur la question des violences conjugales, notamment lorsque l’on compare avec la situation d’autres pays à l’instar de l’Espagne, où le nombre de féminicides a diminué de 35 % en 20 ans, quand il a augmenté en France de 16% en 2024 par rapport à 2023.
Le 25 novembre, un rapport à l’initiative de deux magistrats, Gwenola Joly-Coz et Éric Corbaux, a été remis au garde des Sceaux Gérald Darmanin afin d’apporter une réponse judiciaire mieux adaptée aux violences faites aux femmes.
Ils proposent dix mesures, dont la mise en place d’un nouveau type de magistrat spécialisé afin de donner l’occasion à la France de rattraper son retard sur cette problématique.
Tous les trois jours en moyenne une femme meurt, victime de violences conjugales. Il est conseillé à toute femme victime de violences de se manifester auprès de son médecin, d’une association ou des services de police. Deux numéros peuvent être composés pour recevoir écoute, conseils et informations : le 39 19. En cas d’urgence, il est conseillé d’appeler le 17, le 112 ou d’envoyer un SMS au 114.
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