• Le groupe JD.com s’apprête à devenir le deuxième actionnaire du distributeur français Fnac Darty.
  • Le concurrent chinois d’Amazon avait lancé le mois dernier sa plateforme de vente en ligne Joybuy.

JD.com ou l’histoire d’une success story made in China. Après Shein (nouvelle fenêtre) et Temu (nouvelle fenêtre), un nouveau colosse chinois de l’e-commerce débarque en France. Anciennement Jingdong, du nom d’un modeste magasin d’électronique fondé à Pékin en 1998, JD.com s’apprête à devenir le deuxième actionnaire du distributeur français Fnac Darty (nouvelle fenêtre). Le géant chinois du commerce en ligne, qui entend renforcer sa présence en Europe, notamment en raison de l’envolée des droits de douane aux États-Unis, a lancé le mois dernier sa plateforme de vente en ligne Joybuy (nouvelle fenêtre) (littéralement « joie d’acheter » en anglais) dans l’Hexagone.

Revendiquant quelque 700 millions de clients, JD.com est aujourd’hui le numéro trois du commerce en ligne en Chine, derrière Alibaba et Pinduoduo, connu à l’étranger pour sa plateforme Temu. Coté à Wall Street (depuis 2014) et à la bourse de Hong Kong (depuis 2021), le groupe chinois est lui aussi un mastodonte. En 2024, son chiffre d’affaires était de 136,9 milliards d’euros (+6,8% sur un an) pour un bénéfice net de 4,9 milliards d’euros. Le géant chinois cherche à reproduire le modèle logistique tentaculaire qui a permis son ascension dans son pays, et à rivaliser avec Amazon et d’autres concurrents en Europe.

JD.com est devenu un acteur majeur de la vente de produits électroniques et d’électroménager grâce à son système de livraison rapide qui lui permet souvent d’acheminer les articles en quelques heures après l’achat. Contrairement à Alibaba, dont la principale plateforme repose exclusivement sur des vendeurs tiers et des canaux de livraison morcelés, JD.com stocke lui-même les produits dans ses propres entrepôts, ce qui lui permet un meilleur contrôle qualité. Il les vend directement aux consommateurs et les livre via ses propres circuits, d’où son réseau logistique extrêmement dense comptant quelque 3.600 entrepôts à travers la Chine. 

Un ogre chinois à l’appétit vorace

Son fondateur et dirigeant, Richard Liu, s’est mis en retrait en 2021 de la gestion quotidienne du groupe, tout en restant président du conseil d’administration du groupe. Tombé en disgrâce, le milliardaire avait été arrêté aux États-Unis en 2018 après une plainte pour viol déposée par une étudiante chinoise. Il avait été libéré dès le lendemain alors que la police enquêtait toujours sur l’affaire. Richard Liu avait pu rentrer peu après en Chine, et n’avait finalement pas fait l’objet de poursuites.

Confronté à une féroce guerre des prix dans l’e-commerce en Chine, JD.com s’efforce de percer à l’étranger, notamment en se développant sur le marché européen. Le géant chinois avait dans le passé tenté de s’y implanter en 2018, notamment en ouvrant un bureau en Allemagne, mais l’expérience s’était soldée par un échec. Il y a ensuite pris pied à partir de 2022 via sa plateforme Ochama, récemment rebaptisée Joybuy. Le groupe chinois était aussi entré en pourparlers avec le distributeur britannique Sainsbury’s pour lui racheter la plateforme de vente Argos, mais les négociations ont échoué en septembre dernier.

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En revanche, JD.com apparaît en bonne voie de finaliser son offre de reprise de l’allemand Ceconomy, l’un des plus grands distributeurs européens de produits électroniques. Ce rachat, s’il se concrétise, permettrait à JD.com l’accès à un réseau majeur de distribution d’électronique grand public et d’électroménager en Europe, notamment à travers les enseignes Saturn et Mediamarkt détenues par Ceconomy. Mais aussi de devenir indirectement le deuxième actionnaire de Fnac Darty, dont Ceconomy détient 22%.

Matthieu DELACHARLERY