Un riverain du quai Louis-XVIII avait saisi la justice, après des années de sommeil troublé. Le tribunal administratif a laissé un délai de deux mois à la municipalité pour changer de braquet. « Dans un souci d’apaisement, les droits de terrasse et les études acoustiques des cinq établissements concernés vont être contrôlés ces prochains jours », entame Marc Etcheverry.
Les gérants réunis
Les patrouilles de la police municipale vont être renforcées en fin de journée et en soirée. « Les vacations des agents sont repensées pour mieux couvrir la période autour de 2 heures du matin. » L’heure de la fermeture des bars est la plus sensible. « Comme partout ailleurs en ville », souligne Marc Etcheverry. Les gérants des établissements du quai Louis-XVIII sont convoqués en mairie en début de semaine prochaine « pour dresser un état des lieux et réfléchir ensemble à une meilleure cohabitation ». Des représentants de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) seront de la partie.
Pour l’heure, priorité à la médiation et aux vérifications de conformité, donc. L’expertise judiciaire allait plus loin, en suggérant de fermer les terrasses plus tôt ou de réduire leur taille. « Des travaux sont en cours pour étudier toutes les options, précise Marc Etcheverry. Mais le quai Louis-XVIII relève d’un cas particulier. Ce n’est pas le moment de prendre une décision générale sur les terrasses. »

Marc Etcheverry est adjoint à la sécurité, à la prévention de la délinquance et à la médiation.
Archives Fabien Cottereau / Sud Ouest
Pour l’élu, ce « point chaud », où la première plainte date de 2017, ne reflète pas la situation de la ville. « Les cas de conflits d’usage sont peu nombreux au regard des 1 090 terrasses de Bordeaux. » La brigade des débits de boissons de la police municipale et les agents placiers en visitent quotidiennement un certain nombre. En 2025, sur environ 300 contrôles, 119 ont donné lieu à une procédure pour tapage manifeste ou irrespect de l’étude acoustique. « La plupart du temps, les établissements se remettent en conformité avant d’en arriver au procès-verbal », explique Marc Etcheverry.
L’élu souligne la nécessité de distinguer « ce qui relève du tapage, de la fête qui dérape, du brouhaha urbain. Les discussions en terrasse en font partie, comme le bruit de la circulation automobile, par exemple ». Difficile de maîtriser cette partie. « Toutes les villes cherchent des solutions innovantes. Nous ne faisons pas exception. »
Règlement terrasses
La réponse passera peut-être par le nouveau règlement terrasse. Il doit entrer en vigueur le 12 janvier prochain. « Le précédent datait de 2014. La ville a largement muté depuis. Elle compte plus de terrasses, devenues essentielles dans le modèle économique des bars. L’effet Covid est passé par là. »
Marc Etcheverry ne dévoile pas encore le détail mais promet un document « plus global », portant aussi bien sur le bruit que sur la gestion des déchets. « Il permettra de prendre des mesures différenciées selon les quartiers et de réagir plus rapidement en cas de dérapage. » Il faudra, de toute façon, faire avec les terrasses. Sur les 9 400 Bordelais consultés en 2024, en vue d’élaborer le nouvel arrêté, 90 % se déclaraient satisfaits de leur nombre, voire en demandaient davantage. « Les mêmes nous poussent à être vigilants sur les nuisances », relève Marc Etcheverry. Toute la subtilité est là.